Fidel
Soldado de las Ideas
Ne voulant pas abuser de la patience des lecteurs ni de la chance exceptionnelle d’échanger des idées que m’a offerte ma rencontre avec Lula, j’affirme que ces quatrièmes réflexions à propos de sa visite sont les dernières.
Alors que des centaines d’intellectuels provenant de tous les continents se réunissent à La Havane en vue de participer à la Conférence internationale sur l’équilibre du monde organisée à l’occasion d’un nouvel anniversaire de la naissance de José Martí, ce même jour, par un étrange hasard, le président des Etats-Unis a pris la parole : son dernier Message sur l’état de l’Union adressé au Congrès. Recourant au téléprompteur, Bush nous en dit plus par ses mimiques que par les mots que lui ont rédigés ses conseillers.
Les dépêches nous l’avaient fait savoir : dès la fin de ses chrétiennes vacances de Noël, le 6 janvier, Bush partirait en tournée au Proche-Orient, la terre des musulmans, d’une autre religion et d’une autre culture, la terre de ces « infidèles » auxquels les Européens, convertis au christianisme, déclarèrent la guerre au XIe siècle.
J’ai évoqué, le 15 novembre dernier, une troisième réflexion concernant le Sommet ibéro-américain en disant textuellement que je ne la publiais pas pour l’instant. Il me semble néanmoins qu’il est préférable de le faire avant le référendum du 2 décembre prochain.
Ce mardi-ci, pas de nouvelle internationale fraîche. Mon modeste Message au peuple, du lundi 18 février, a reçu sans mal une très large diffusion. J’ai commencé à en recevoir des nouvelles concrètes dès onze heures du matin. Je n’avais jamais mieux dormi la nuit précédente. J’avais la conscience tranquille et je m’étais promis des vacances. Les journées de tension dans l’attente du 24 février m’avaient épuisé.
C’est le 28 mars, voilà moins de deux mois, alors que Bush, au terme d’une réunion avec les principaux constructeurs automobiles des Etats-Unis, avait proclamé son idée diabolique de faire produire du carburant à partir d’aliments, que j’ai écrit mes premières réflexions.
Viva Cuba libre ! Tel était le cri de ralliement par lequel, à travers plaines et montagnes, forêts et cannaies, s’identifiaient ceux qui lancèrent, le 10 octobre 1868, la première guerre d’Indépendance cubaine.
Quand l’Union soviétique a implosé, ce qui a été pour nous comme si le soleil avait cessé de se lever, la Révolution cubaine a reçu un coup accablant. Car non seulement nous avons cessé de recevoir toutes les livraisons habituelles de carburants, de matériaux et d’aliments qui en provenaient, mais nous avons perdu les marchés et les cours attribués là-bas à nos produits et obtenus grâce à notre dure lutte pour la souveraineté, l’intégration et les principes. L’Empire et les traîtres, suant la haine, fourbissaient leurs armes grâce auxquels ils pensaient passer les révolutionnaires au fil de l’épée et récupérer les richesses de notre pays.
Sergio et moi, nous avons eu le privilège de nous trouver au P.C. installé à l’embouchure de l’Almendares, sur la rive droite, quand, au petit matin du 15 avril 1961, des pilotes mercenaires à bord de bombardiers B-26 des USA peints aux couleurs de nos forces de l’air attaquèrent les bases aériennes de Ciudad Libertad et de San Antonio de los Baños et l'aéroport civile de Santiago de Cuba, voilà quarante-six ans.
Ceux qui constituèrent la nation étasunienne ne pouvaient imaginer que ce qu’ils proclamaient à l’époque portait, comme n’importe quelle autre société historique, les germes de sa propre transformation.
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