Alphabétisation
De 1961 à 2013, plus de 21 365 élèves de 82 pays du monde ont fait des études à Cuba à titre de boursiers du ministère cubain de l’Éducation (MINED), qui ne couvre pas l’enseignement supérieur.
Programme d’alphabétisation « Oui, je peux »
Le programme d’alphabétisation « Oui, je peux » a été créé par des spécialistes de l’Institut pédagogique latino-américains et caribéen (IPLAC), rattaché au ministère de l’Éducation (MINED), à partir de suggestions de Fidel Castro, consistant à créer une méthode d’enseignement de la lecture à partir des chiffres, cette tâche ayant été confiée à Leonela Relys Díaz, docteur en sciences pédagogiques.
Il comprend soixante-cinq classes sur vidéo, un abécédaire simple et un manuel de l’alphabétiseur.
Il repose sur une utilisation efficace des moyens audiovisuels et vise à obtenir chez les apprenants, non seulement l’acquisition d’habiletés et de savoir-faire dans la maîtrise des lettres et des chiffres, mais aussi une compréhension des phénomènes environnants, autrement dit une prise de conscience.
Le programme existe aussi pour aveugles en Braille, pour sourds et pour personnes atteintes de légers problèmes intellectuels.
Ce programme incite les personnes à un recyclage n permanent et, donc, à insérer les illettrés dans la vie sociale et économique nationale.
Méthodologie
La méthode “Oui, je peux” divise la formation en trois étapes : entraînement, enseignement de la lecture et de l’écriture ; consolidation.
L’identification des élèves et de leurs besoins, et une bonne connaissance de leur tempérament sont essentiels au succès de la méthode. Il est important de tenir compte du point de départ de l’élève en matière de connaissance : tous les illettrés ne sont pas des analphabètes purs. On classe donc les élèves en trois types :
* Illettrés purs : Aucune relation avec l’enseignement ; ne sont jamais allés à l’école.
* Semi-illettrés : Sont allés à l’école, savent écrire des lettres ou des mots, ou bien ont oublié ce qu’ils ont appris faute de pratique.
* Illettrés spéciaux : Personnes à besoins éducatifs spéciaux, exigeant la prise en considération de leurs limitations physiques.
Le projet comprend une étape préalable de préparation et d’adéquation à l’endroit choisi, en vue d’adaptation à la réalité et au tempérament de la société bénéficiaire, ce qui se fait de concert avec l’organisation correspondante qui l’exécutera sur place.
Le matériau pédagogique sont l’abécédaire, extrêmement important, et les vidéos, utilisés durant les classes pour l’apprentissage.
Le programme comprend deux autres méthodes : « Je peux lire et écrire », afin que les alphabétisés ne perdent pas les habilités acquises faute d’activité intellectuelle, et « Oui, je peux poursuivre », qui a permis à environ neuf cent mille personnes de conclure des études primaires.
Étapes
On en compte trois, chacune d’une durée différente : des 65 classes de la méthode, 10 concerne la première étape (entraînement), 42 l’étape principale (apprentissage de la lecture et de l’écriture), et 13 la dernière (consolidation).
Entraînement
Cette première étape prépare l’élève à l’apprentissage de la lecture et de l’écriture ; elle compte dix classes, dont les cinq premières visent au développement de l’expression orale et aux habiletés psychomotrices, et à la représentation calligraphique de chiffres de 0 à 30 (que la plupart des élèves connaissent), tandis que les cinq suivantes sont consacrées à l’étude des voyelles.
Apprentissage de la lecture et de l’écriture
Étape principale : l’élève apprend à lire et à écrire. Ses 42 classes sont divisées en deux blocs de 23 et de 19.
Le premier bloc concerne l’étude des lettres et des phonèmes, à raison d’un par jour.
Le deuxième bloc vise les difficultés particulières de l’espagnol et les combinaisons spéciales : "rr", "ll" ou "ch", et les sons : "ce", "ci" ou "güe" et güi".
Les exercices partent du rapport entre un chiffre connu et une lettre inconnu, de la reconnaissance entre une figure simple et le mot objet d’étude, de la présentation d’une idée ou d’une phrase où il faut déterminer le mot clef qu’il faut ensuite diviser en syllabes pour produire finalement de nouveaux mots et de nouvelles idées.
Consolidation
Cette ultime étape de 13 classes (dont les deux dernières sont de rédaction) entend fixer les connaissances acquises à l’étape précédente et évaluer si l’élève a atteint les résultats prévus.
Les difficultés de graphie se résolvent et se consolident par un système ludique (jeu), par l’identification d’images et l’écriture de son nom, par développement d’une écriture et d’une lecture intelligentes, bien qu’élémentaires, avec construction de phrases ayant un sens logique.
Rencontre présentielle
Les classes présentielles sont structurées minutieusement : les cinq premières minutes permettent au professeur de s’intéresser au quotidien de ses élèves et aux difficultés qu’ils rencontrent dans leur apprentissage, avec appel et volonté de les motiver ; la classe se divise ensuite en deux périodes d’une demi-heure, avec un quart d’heure d’échange actif et une pause de dix minutes.
Durant la première demi-heure, le professeur montre une vidéo qui est ensuite commentée pendant un quart d’heure, puis pause de dix minutes, et nouveau cycle d’une demi-heure de vidéo et d’un quart d’heure d’analyse et d’échanges.
On peut, à l’occasion, organiser, avec l’accord des assistants, des classes le samedi et dimanche pour repasser et consolider les connaissances acquises.
On ne peut avancer sans consolidation réelle des connaissances. Le facilitateur (professeur) doit préparer la classe en reliant classe présentielle et vidéo.
Matériau
Le matériau pédagogique sont les vidéos et l’abécédaire. Les vidéos sont utilisées durant la première demi-heure et l’abécédaire ensuite. Il existe une relation directe entre eux.
L’abécédaire
L’abécédaire, qui constitue la base de la méthode en même temps que l’enregistrement, présente un même format à toutes les pages, sa ligne directrice étant le lien entre le connu (chiffre) et l’inconnu (lettre) : chaque lettre est associée à un chiffre, à raison d’une par classe.
La dernière partie de l’abécédaire concerne les combinaisons de trois lettres ou plus qui exigent un traitement particulier. Les élèves doivent remplir les espaces en pointillé (et écrire souvent sur un espace auxiliaire). Au centre de l’abécédaire, un espace permet de résumer lettres ou phonèmes étudiés afin d’aider l’élève à faire les exercices proposés.
Association chiffres/lettres
L’association chiffre/lettre est la suivante :
* a est associé au chiffre 1.
* e est associé au chiffre 2.
* i est associé au chiffre 3.
* o est associé au chiffre 4.
* u est associé au chiffre 5.
* l est associé au chiffre 6.
* r (grasseyé et roulé) est associé au chiffre 7.
* f est associé au chiffre 8.
* m est associé au chiffre 9.
* c est associé au chiffre 10.
* p est associé au chiffre 11.
* t est associé au chiffre 12.
* v est associé au chiffre 13.
* s est associé au chiffre 14.
* n est associé au chiffre 15.
* rr (pour une question méthodologique) est associé au chiffre 16.
* q est associé au chiffre 17.
* y est associé au chiffre 18.
* d est associé au chiffre 19.
* b est associé au chiffre 20.
* h est associé au chiffre 21.
* ñ est associé au chiffre 22.
* ch est associé au chiffre 23.
* j est associé au chiffre 24.
* x est associé au chiffre 25.
* ll est associé au chiffre 26.
* z est associé au chiffre 27.
* g est associé au chiffre 28.
* k est associé au chiffre 29.
* w est associé au chiffre 30.
À la fin du cours
Une fois le cours fini, on offre aux élèves un mois de perfectionnement en lecture et écriture, mais sans support audiovisuel.
Un programme complémentaire (« Oui, je peux poursuivre ») conduit l’élève jusqu’à la fin du primaire.
Rôle des organismes dans l’application de « Oui, je peux »
Cette méthode d’alphabétisation novatrice de rapport entre chiffres et lettres permet de convertir n’importe quel espace équipé d’un téléviseur et d’un lecteur de DVD en salle de classe, si bien que n’importe quel organisme peut coopérer activement en offrant ce service aux citoyens et en participant à la transformation sociale des quartiers.
Le fait que la personne-cible soit illettrée empêche bien entendu qu’on atteigne directement ce public potentiel au moyen d’affiches, de pages web, de prospectus, etc., de sorte qu’il faudra toujours passer par un intermédiaire, ce qui exige un effort de diffusion spécial et la mise en place d’autres mécanismes de contact, d’autant que, « officiellement », les analphabètes n’existent pas et qu’ils sont cachés dans la société, à plus forte raison s’il s’agit du Premier Monde, qu’ils ne sont généralement pas autonomes, que leur estime de soi est basse. Il faut donc trouver un référent, soit un proche, soit un voisin du quartier, soit un technicien de services sociaux, qui s’offre comme « garant » du programme et incite à l’alphabétisation.
Pour connaître la réalité et le contexte de chaque quartier, il faut entrer en contact avec les espaces de référence où les habitants font une activité sociale et coexistent, trouver différents référents qui ne sont pas forcément des associations de voisins : ainsi, les centres de culte (paroisses, temples), les centres civiques, les marchés d’approvisionnement sont de bons points de contact pour diffuser le programme.
Il faut aussi joindre d’autres types d’organismes qui peuvent collaborer à la diffusion du programme ou à la recherche de participants, tels que, parmi bien d’autres, des unités de travail social, des centres de santé, des agences d’emplois ou des centres d’accueil d’immigrants qui, bien que ne travaillant pas directement avec des illettrés, détectent des cas relevant du programme « Oui, je peux ».
Implication des organismes dans la transformation sociale de leurs quartiers
Les recensements révèlent que les analphabètes se concentrent en majorité dans les zones les plus déprimées du point de vue socio-économique et ayant besoin d’une transformation sociale, de sorte qu’il existe un rapport direct entre analphabétisme et marginalisation, exclusion ou précarité d’emploi.
Grâce à « Oui, je peux », non seulement les associations de voisinage, mais aussi la structure sociale entière du quartier peuvent participer à la transformation de la communauté et collaborer à l’alphabétisation d’illettrés. Les voisins peuvent aussi participer à l’élimination de l’analphabétisme dans leur quartier à travers le « facilitateur », une personne qui, sans avoir besoin d’expérience pédagogique ou didactique, renforce et consolide les connaissances acquises durant la vidéo-classe.
Par conséquent, « Oui, je peux » non seulement contribue à l’alphabétisation de citoyens auxquels le monde développé a nié le droit à l’éducation, mais agit aussi comme un facteur qui fait prendre conscience aux autres citoyens et aux structures sociales que la plaie de l’illettrisme existe dans leur quartier et au milieu de leurs voisins qui tentent de le dissimuler par honte.
Le programme « Oui, je peux » est donc aussi un instrument d’intervention qui permet aux communautés, sans frais, de participer au premier stade de la transformation sociale, autrement dit la formation et l’éducation des citoyens, ce qui leur avait été nié jusqu’ici. La participation à l’alphabétisation des citoyens renforce l’implication et la structuration sociale, l’intégration dans la communauté et la solidarité entre habitants du quartier, prémisses d’une société plus juste et plus égalitaire.
Réussites et perspectives
Le programme a donné de bons résultats et permis d’alphabétiser plus de 3,5 millions de personnes dans plus d’une trentaine de pays, dont l’Argentine, le Venezuela, le Mexique, l’Équateur, la Bolivie, le Nicaragua et la Colombie.
Permettant d’apprendre à lire et à écrire en sept semaines, il offre la possibilité d’éliminer l’analphabétisme dans le monde avec seulement le tiers des sommes dégagées par l’Unesco à ces fins. Dans de nombreux pays, ce sont des organisations religieuses et des ONG qui s’en sont chargé.
La mise en place des accords avec la Dominique, la Namibie et le Sierra Leone est en cours, et des réponses sont attendues de l’Angola, du Swaziland et de la Jamaïque qui ont manifesté leur intérêt.
Au Venezuela, où il existait une volonté politique et financière, et une participation active et enthousiaste des bénéficiaires, il a été possible d’alphabétiser un million de personnes en cinq mois et vingt-sept jours dans les trente-quatre langues qui y sont parlées (communautés autochtones). Se déclarant Territoire exempt d’analphabétisme, le Venezuela a continué d’offrir à tous ceux qui le souhaitaient de poursuivre des études. Jusqu’à des centenaires ont appris à lire et à écrire par cette méthode. L’un d’elles a affirmé : « J’ai dû attendre cent deux ans pour écrire mon nom. Je peux mourir tranquille. »
Au Mexique, le programme a donné des bons résultats dans les États de Michoacán, d’Oaxaca, de Veracruz et de Nayarit, où les textes ont été enregistrés par des acteurs mexicains qui ont apporté les variantes de l’espagnol parlé dans ce pays.
En Afrique, il est utilisé au Nigeria, en Guinée-Bissau, au Mozambique et en Afrique du Sud, avec les adaptations requises aux différentes langues parlées dans ces pays et à leurs conditions historiques, géographiques et sociales.
Il est employé en Nouvelle-Zélande et même à Séville où l’on dénombre au moins 35 000 analphabètes, ce qui est une première en Europe.
L’Unesco, de pair avec d’autres organisations internationales, a reconnu le travail altruiste de Cuba et l’efficacité du programme « Oui, je peux » dans différents contextes, lui octroyant deux mentions honorifiques du Prix Roi Sejong (2002 et 2003), en plus du Prix Roi Sejong qu’elle a décerné à l’Institut pédagogique latino-américain et caribéen, à Cuba, en 2006.
Il concerne actuellement 240 157 personnes dans 23 pays. Il existe en douze versions : huit en espagnol, une en portugais, une en anglais, une en quechua/aymara (Bolivie), et créole (Haïti), et une en tétoum (Timor Leste).
La méthode « Oui, je peux » a permis à environ 900 000 personnes de conclure des études de primaire.
« Un des succès les plus importants du programme a été sa contextualisation (plus de vingt) aux particularités des endroits concernés, et pas seulement linguistiques. » La méthode en français est en cours de préparation.
Expérience en Argentine
En Argentine, le programme a été réclamé par des membres de mouvements sociaux et d’organisations de base qui ont constaté des problèmes d’analphabétisme dans des peuples autochtones ou dans des quartiers pauvres du grand Buenos Aires.
L’expérience a été précieuse, non seulement pour ceux qui apprennent à lire et à écrire, mais aussi pour les organisateurs qui connaissent ainsi mieux le peuple. Le problème concerne non seulement les illettrés, mais toute la société qui ne saurait rester indifférente devant une telle injustice. Martí disait : « Tout homme a le droit de s’éduquer et, en paiement, de contribuer à l’éducation de ses semblables. »
L’alphabétisation, c’est plus qu’apprendre à lire et à écrire : c’est pouvoir exprimer ce qu’on pense, ce qu’on sent, c’est pouvoir vraiment participer, c’est régler des questions de la vie quotidienne sans dépendre de quelqu’un qui vous lit une ordonnance ou vous accompagne pour la moindre démarche, c’est ne plus souffrir la peur constante de ne pas savoir ce que vous signez de votre pouce et d’une croix. C’est donc un saut qualitatif dans la vie et c’en est donc un pour la société.
Il existe en Argentine 200 centres d’alphabétisation accueillant plus de 2 000 participant dans les provinces de Buenos Aires, Jujuy, Salta, Corrientes, Santa Fe, Entre Ríos, Misiones, Córdoba, Catamarca, et dans la capitale ; les alphabétisés se montent à 18 800.
Cet effort de bénévolat en réseau traduit la compréhension des organisations et mouvements qui y participent.
Les protagonistes sont les alphabétisés et leurs facilitateurs qui ont tenu leur première rencontre nationale le 12 décembre 2003. Les autres participants remplissent d’autres fonctions, comme le suivi de l’apprentissage et la logistique, deux facteurs indispensables au bon fonctionnement du programme.
Cette expérience a changé la vie de beaucoup de gens. Les illettrés ont apporté des savoirs utiles dont ils ignoraient qu’ils les possédaient, les participants ont fraternisé, ont pris mieux conscience de la douleur que ressent celui qui ne sait pas lire ni écrire, ont connu les douloureuses motivations des illettrés et écouté leur tristes récits de vie, tout en apprenant combien ce programme a changé leur vie. Les illettrés sont enthousiastes, ils espèrent pouvoir continuer d’étudier, ils font des plans sur tout ce qu’ils pourront faire une fois le cours fini, ils commentent les changements : ainsi, une femme a pu lire toute seule une correspondance d’un bureau public ; un alcoolique a commenté qu’il avait perdu l’envie de boire ; un jeune a dit qu’il pourrait enfin voir le films Matrix et lire les sous-titres ; une grand-mère a dit qu’elle pourrait enfin écrire à ses petits-enfants combien elle les aimait, et une maman a affirmé qu’elle ne sentirait plus la frustration de ne pas pouvoir écrire un message à sa fille en fin de cours, comme le faisaient les autres mamans.
Bref, l’analphabétisme est un phénomène particulier qui laisse de profondes blessures chez l’être humain, mais qu’on peut résoudre.
On compte plus de 860 millions d’analphabètes absolus dans le monde, dont 98,5 p. 100 dans le Tiers-monde, sans compter ceux qui retombent dans l’analphabétisme faute de suivi scolaire (plus de 130 millions d’enfants du primaire ne vont plus à l’école).
En Amérique latine, 12 p. 100 de la population est analphabète : on compte, en chiffres absolus, 42 millions d’illettrés et 110 millions de jeunes n’ayant pas conclu l’enseignement primaire, et qui sont donc considérés comme semi-analphabètes ou analphabètes fonctionnels.
L’alphabétisation d’un peuple n’est pas seulement un geste éducatif : c’est aussi un événement politique dont le succès dépend de la participation massive et unanime de toutes les organisations compétentes et de tous les secteurs de la population.
Expérience en Uruguay
Depuis 2007, un total de 5 000 personnes ont été alphabétisés dans le cadre du programme pour adulte du Mides, mais 30 000 Uruguayens n’ont encore jamais mis les pieds dans une école. Selon des chiffres de 2009, 6,7 p. 100 de la population âgée de plus de quinze ans ne sait pas lire ni écrire, le taux le plus élevé correspondant à Rivera, mais Montevideo et Canelones ont des taux supérieurs à la moyenne nationale.
Il existe 46 groupes d’alphabétisation de base, qui accueille une moyenne de dix élèves chacun. Le programme dure quatre mois, à raison de quatre rencontres hebdomadaires d’une heure et demie chacune.
Le programme « Au pays de Varela, Oui, je peux » est une adaptation du programme cubain. Selon Ulma Carneiro, du Programme d’alphabétisation du Mides, l’initative a été lancée après le recensement de la population qui avait permis de détecter les gens qui n’avaient pas conclu l’école et ceux qui n’y étaient jamais entrés.
Le programme consiste en 65 classes par vidéo sous la direction d’un professeur. Les vidéos simulent une maîtresse et plusieurs élèves qui, pour différentes raisons, ne savent pas lire ni écrire. Selon Carneiro, « le programme a été contextualisé en fonction du pays, avec des paysages typiques, des acteurs uruguayens et des chansons et poèmes du pays ». Il aborde aussi des questions comme la violence au foyer, l’éducation des enfants et l’alimentation.
Expérience en Équateur
C’est en novembre 2002, lors d’un échange avec des mouvements indigènes à l’inauguration de la Chapelle de l’homme, que Fidel Castro parla d’une coopération éventuelle entre Cuba et l’Équateur dans le domaine de l’éducation. Deux ans après, l’idée se concrétisait et a donné des résultats.
Expérience à Séville
Le programme cubain d’alphabétisation « Oui, je peux » démarre à Séville à travers la Fondation pour la formation, l’innovation et la coopération (Fondation DeSevilla), en coopération avec les délégations Jeunesse et sport, Participation citoyenne, Économie et emploi, et Relations institutionnelles de la mairie.
Pour la Fondation DeSevilla et pour les délégations municipales qui parrainent ce programme, l’alphabétisation est une priorité. À cet égard, la méthode novatrice créée par l’Institut pédagogique latino-américain et caribéen de Cuba (IPLAC) en vue d’aider les Sévillans analphabètes est un pari qui découle d’une volonté politique résolue.
Ce programme se multiplie à travers les ONG, les institutions d’enseignement, les mouvements de quartier, les organisations sociales qui, à titre de bénévoles, s’engagent à être efficaces et responsables.
L’équipe « Oui, je peux » est constituée de plusieurs commissions de travail chargées de faire fonctionner correctement le programme qui vise à éliminer l’analphabétisme à Séville, avec des conseillers de l’IPLAC qui en garantissent la mise en place correcte.
La commission technico-méthodologique est constituée d’experts en pédagogie et en psychologie qui ont adapté le programme cubain à la réalité sévillane ; elle assure aussi le suivi des participants, soutient les facilitateurs dans leur travail et garantit ainsi le succès du programme.
La commission de statistique coordonne le recensement dans les quartiers de la ville et la collecte des données pour déterminer les taux d’analphabétisme et connaître l’incidence du programme sur la population. Comme partout dans le monde où ce programme est appliqué, il est indispensable de savoir combien de personnes sont illettrées à Séville, ce qui se fait par échantillonnage : le résultat a été surprenant, puisque environ 35 000 habitants, soit 5 p. 100, sont des illettrés purs (66,1 p. 100) et fonctionnels (33,9 p. 100), ce qui veut dire que la majorité n’est jamais allée à l’école. Le recensement fournit d’autres données : niveau d’instruction, connaissance de l’espagnol (dans le cas des immigrants), nationalité, âge, sexe.
Cette méthode cubaine est une nouveauté à Séville, non seulement du point de vue méthodologique, mais aussi par ses nouveaux outils pédagogiques : le recours aux vidéo-classes suppose une réduction des coûts et une universalisation facile, puisque les dix-sept DVD qui forment la méthode sont aisément transportables et utilisables partout où il existe un lecteur (école, association, centre civique, appartement, etc.).
Actualisation : 12/01/2010 Source : page officielle du programme Yo Sí Puedo.
C’est en 1998, sur indication de Fidel Castro, qu’un groupe de spécialistes cubains du ministère de l’Éducation réalisa la première version de « Oui, je peux » en français afin de l’appliquer au Niger, mais l’assassinat du président de ce pays fit avorter le projet, qui fut transposée en Haïti, mais dans une version en créole.
Ce programme, appliqué aujourd’hui dans trente pays, a permis d’alphabétiser 8 137 152 personnes.
Cuba continue de promouvoir de promouvoir la coopération internationale en matière d’alphabétisation et d’éducation de base, afin de contribuer aux efforts engagés dans le monde pour réduire les taux d’illettrisme élevés chez les jeunes et les adultes dans les pays ne possédant pas les ressources humaines et financières pour éliminer l’analphabétisme.
La conception cubaine consiste en une éducation de base de bonne qualité en mesure d’apprendre aux illettrés à lire et à écrire, puis des études les conduisant en fin de primaire et au brevet (premier cycle du second degré), et ce à travers trois programmes : « Oui, je peux », « Oui, je peux lire et écrire », « Oui, je peux continuer ».
Le premier programme a pour objectif stratégique d’insérer le participant dans la vie sociale, culturelle et économique de son environnement et de lui apprendre les codes linguistiques nécessaires pour qu’il puisse poursuivre des études dans les établissements d’enseignement de son pays ou grâce au programme « Oui, je peux continuer » qui le conduit en fin d’études primaires et vers d’autres niveaux.
Le programme « Oui, je peux lire et écrire » conduit les nouveaux alphabétisés au programme d’éducation de base élémentaire « Oui, je peux continuer » ou à d’autres programmes d’éducation de jeunes et d’adultes existant dans le pays. Ce programme répond à la conception cubaine qui envisage l’alphabétisation dans un contexte socio-éducatif bien plus vaste et donc la poursuite d’études plus poussées.
Le programme « Oui, je peux continuer » vise à donner aux participants une formation équivalente aux études primaires en accord avec le système éducatif du pays concerné, de sorte que les bénéficiaires puissent faire d’autres études de formation professionnelle ou accéder à différentes sources d’emploi dans leur communauté.
RÉPUBLIQUE D’ANGOLA
Fin décembre 2013, la coopération du ministère cubain de l’Éducation avec l’Angola indique des résultats supérieurs, fruit de la priorité accordée au secteur éducation : on compte 247 coopérants, dont 114 dans l’enseignement technique et professionnel (4 autres en instance de voyage), 110 dans l’enseignement supérieur et 20 conseillers du programme « Oui, je peux ».
Relais : 55 écoles techniques ; 61 écoles normales ; 2 écoles d’alphabétisation ; 2 écoles primaires, soit un total de 120 établissements.
Depuis juin 2012, on travaille à mieux articuler toutes les actions afin de généraliser le programme d’alphabétisation « Sim, eu posso » et apprendre à lire et à écrire à 8 millions d’illettrés entre 2012 et 2020, et de renforcer la coopération cubaine dans tous les niveaux d’enseignement. De nombreux groupes de spécialistes sont sur place pour garantir la relève et satisfaire à d’autres besoins de l’Angola.
Fin décembre 2103, « Oui, je peux » s’appliquait dans neuf provinces à 30 835 illettrés, et avait déjà permis d’alphabétiser 556 243 personnes.
Les femmes constituent 65,35 p. 100 du total des personnes inscrites ; le groupe d’âge prédominant est 19-25 ans (29,08 p. 100 du total). Les femmes représentent 70,20 p. 100 des alphabétisés, le groupe d’âge 19-25 ans en représentant 30,22 p. 100. Le groupe d’âge 19-35 ans représente 58,58 p. 100 du total des personnes alphabétisées.
Actualisation 20/03/2014 Source : Ministère de l’Éducation.