Existe-t-il des programmes et des applications d'intelligence artificielle à Cuba, et quels aspects devraient être inclus dans une stratégie cubaine pour le développement de technologies capables d'effectuer des tâches caractéristiques des capacités humaines ? Ces deux questions ont reçu une réponse lors d'une rencontre entre des membres de l'Académie des sciences de Cuba et le Premier secrétaire du Comité central du Parti et Président de la République, Miguel Díaz-Canel Bermúdez, qui s'est tenue ce lundi matin au Palais de la Révolution.
 
Le Dr. C Yailé Caballero Mota, Président de la branche Ciego de Avila-Camagüey de l'ACC, qui a présenté le sujet avec Rafael Bello Pérez, Président de la branche Villa Clara de l'ACC, a considéré qu'il existe une communauté scientifique sur l'île avec des recherches pertinentes sur l'intelligence artificielle (IA), mais que ce travail théorique n'est pas soutenu par un développement productif.
 
Toutefois, a déclaré le professeur d'ingénierie informatique, "Cuba ne part pas de zéro" pour entreprendre le développement de l'IA. Diverses applications ont été développées dans des secteurs tels que les transports, la santé, l'énergie, l'industrie, l'agriculture et la sécurité.
 
Le spécialiste a fait allusion à quelques exemples récents. Elle a mentionné "l'équilibrage multi-objectif des circuits de distribution primaire ; l'optimisation des itinéraires dans les magasins, l'assurance technique dans les calendriers de tournois ; dans l'analyse des données, il existe également des applications cubaines pour la prise de décision ; dans les tâches de contrôle des frontières, des douanes, des aéroports, la plate-forme d'identification multibiométrique et les systèmes de vidéoprotection ; nous avons obtenu des résultats importants dans l'application de l'intelligence artificielle dans les maladies neurodégénératives, fondamentalement dans la prédiction de la marche chez les patients atteints d'ataxie".
 
Pour que ces exemples ne soient pas rares et qu'ils se multiplient dans d'autres activités socio-économiques, il faut une stratégie gouvernementale, une proposition faite par les membres de l'ACC aux dirigeants du pays.
 
Après avoir présenté le document "L'intelligence artificielle dans le cadre de la transformation numérique pour le développement", le Dr. Mme Caballero Mota, également professeur à l'Université de Camagüey, a expliqué à la presse les aspects qui, selon elle, ne devraient pas manquer dans la stratégie qu'ils proposent.
 
La stratégie doit envisager le potentiel des ressources humaines, contenir l'ensemble du cadre éthique et juridique relatif à l'utilisation et à l'application de l'IA, prendre en compte tous les macro-programmes de développement, les axes stratégiques et les secteurs dans lesquels l'IA peut jouer un rôle essentiel.
 
Au cours de l'échange de vues, mené par la vice-première ministre Inés María Chapman Waugh, plusieurs experts ont convenu que l'une des principales limites est l'absence d'un instrument juridique pour l'utilisation des données de manière ouverte et interopérable.
 
Comme il est de coutume dans ces rencontres du chef de l'Etat avec les experts, il y a eu débat, prise de notes, réflexions et consensus. La nécessité d'éduquer la population et les dirigeants sur les caractéristiques de l'IA et l'intérêt de définir des domaines stratégiques à privilégier dans une stratégie, ont été au centre des interventions, notamment celles du Dr C. Aylin Febles Estrada, présidente de l'Union des informaticiens de Cuba (UIC) et du Dr C. Luis Montero Cabrera, coordinateur de la section Sciences naturelles et exactes de l'ACC.
 
La rencontre entre M. Díaz-Canel et l'ACC a porté sur la gestion éthique des données, les dangers potentiels de l'utilisation de l'IA, les alliances par le biais de collaborations internationales, l'attention portée aux ressources humaines, ainsi que le renforcement des systèmes commerciaux et des infrastructures technologiques.
 
À l'issue de la réunion avec la CCA, le président Díaz-Canel - après avoir constaté son accord avec chacune des évaluations - a immédiatement commandé l'élaboration d'une stratégie cubaine pour le développement de l'IA, qui devrait impliquer ceux qui travaillent dans ce domaine depuis des années, en plus de l'incorporation de juristes et de spécialistes de l'éthique, de l'économie et du marxisme.
 
L'objectif, a déclaré le Premier secrétaire du Comité central du Parti, est que la stratégie soit la plus complète possible et qu'elle réponde non seulement aux problèmes du secteur productif des biens et des services, mais aussi à un domaine qui en a également besoin, celui de l'administration publique.
 
Par conséquent, a-t-il ajouté, il est nécessaire de travailler sur les interconnexions de l'IA avec le secteur productif des biens et des services, avec le domaine de l'administration publique, et également avec les territoires ; il est nécessaire de couvrir la question de l'organisation des données, de la structure des données, de la gestion des données et des questions d'infrastructure.
 
Le chef d’état a également fait allusion aux liens ou aux interrelations entre AI et le secteur commercial cubain ("Je parle toujours, a-t-il souligné à ce stade, d'un seul secteur commercial cubano-socialiste, qui a des entreprises d'État et des coopératives, et qui a le secteur privé").
 
Le premier secrétaire du Comité central du Parti communiste a déclaré qu'une fois la stratégie et la politique réalisées, "nous devrons alors voir comment insérer cette stratégie et cette politique, de l'intelligence artificielle, dans les différents programmes qui y sont liés ; et si nous devons créer un programme national uniquement pour l'IA, cela peut également être proposé".
 
Le chef de l'État a souligné que la finalité sera "avant tout de parvenir à générer, à partir de l'IA, des produits et des services pour la population".