VINGT-HUITIEME ANNIVERSAIRE DE L’ATTAQUE DE LA CASERNE MONCADA, Las Tunas, 26 juillet 1981
Date:
Chers invités ;
Compañeros du parti et du gouvernement ;
Compañeros,
La région de las Tunas était par le passé, et le reste encore en partie, une des régions les plus pauvres et les plus déshéritées du pays : l'analphabétisme y était très élevé, il y existait de grands latifundios, les services de santé se trouvaient dans un abandon total, le chômage, l'exploitation et la misère y régnaient.
Ce sont justement ces régions du pays qui exigent des efforts spéciaux. Elle n'est pas la seule dans ce cas, il y en a bien d'autres ; nous pourrions mentionner Granma, Holguín, Guantánamo, Sancti Spíritus, Ciego de Ávila, qui étaient également des régions pauvres et déshéritées. Mais celle de las Tunas l'était tout particulièrement. Tout y était et tout y est encore en partie plus difficile à cause de sa grande étendue, de sa population relativement peu nombreuse, du manque de communications, du manque de logements, du manque d'usines, etc.
Aussi est-ce particulièrement significatif que cette province ait gagné, comme nous l'espérions et comme elle l'avait promis, le droit d'être le siège du meeting national pour le vingt-huitième anniversaire de l'attaque de la caserne Moncada (applaudissements).
On ne saurait dire que tout marche à merveille en las Tunas, certains indicateurs sont peut-être même à la traîne par rapport à d'autres provinces. Mais il est notable, en cette année où l'ensemble du pays a consenti des efforts énormes, que cette province ait mérite d'être le siège de ce meeting grâce à l'excellent travail qu'elle a réalisé et aux succès qu'elle a remportés dans bon nombre de domaines. Aussi pouvons-nous dire, voire affirmer catégoriquement, que la province n'a pas reçu gratuitement, mais qu'elle a bel et bien remporté le privilège d'être le siège du meeting du 26 juillet (applaudissements).
Nous allons citer quelques chiffres intéressants. Si l'on compare la campagne sucrière qui s'est effectuée en las Tunas en 1981 à la meilleure campagne sucrière sous le capitalisme, le rendement agricole est supérieur de 26,4 p. 100, ce qui représente 12 900 arrobes de plus par caballería (applaudissements).
En 1952, les capitalistes avaient employé 28 085 coupeurs de canne ; en 1981 ce chiffre a été de 12 569, soit une diminution de 15 516 hommes ou encore de 55,3 p. 100.
Le rendement par homme pendant la coupe a été en 1952 de 133 arrobes, et en 1981 de 227, soit une augmentation de 70,6 p. 100, ou encore de 94 arrobes par coupeur.
En 1952, ni la coupe ni le chargement de la canne n'étaient mécanisés ; or, en 1981, les coupeuses-chargeuses ont coupé 45,4 p. 100 de la canne, tandis que la totalité de la canne coupée à la main a été chargée par des machines.
Le rendement industriel de la campagne sucrière de 1981, soit 83,2 p. 100, a dépassé de 2,63 p. 100 celui de 1952, qui avait été de 80,39 p. 100.
Pendant la campagne sucrière de 1981, 8 661 ouvriers ont travaillé à la production de sucre brut, soit une diminution de 1 381 travailleurs par rapport à celle de 1952. où ce chiffre avait été de 10 042.
Las Tunas a dépassé son plan de production de sucre pour cette campagne sucrière (applaudissements) et broyé 24 millions d'arrobes de canne de plus que prévu (applaudissements) ; elle a produit 106 578 tonnes de sucre de plus que pendant la campagne sucrière de l'an dernier (applaudissements), ses sucreries travaillant à 86 p. 100 de leur capacité, et elle a dépassé les indices de rendement prévus pour la coupe à la main. Les semis de printemps, cette année, se sont montés à 3 630 caballerías, soit 1 384 caballerías de plus qu'au printemps dernier. Elle a rempli son plan de désherbage à la main avant l'échéance du 26 juillet (applaudissements), bien que ses 7 413 caballerías étaient !e chiffre le plus important du pays (applaudissements).
En las Tunas, les investissements industriels planifiés pour le quinquennat se montent à 280 millions de pesos (applaudissements). Fin 1980, une usine de cryptococassées a commencé à fonctionner à Guiteras, et une usine de structures métalliques, d'une capacité de 20 000 tonnes par an, vient d'être inaugurée (applaudissements). L'usine de bouteilles sera mise en marche le mois prochain (applaudissements) et la plus grande usine de panneaux de bagasse, d'une capacité de presque 60 000 tonnes par an, commencera à produire l'an prochain à la sucrerie Jesús Menéndez (applaudissements). La construction d'une nouvelle sucrerie, d'une capacité de broyage de 600 000 arrobes, a été entreprise dans la commune de Majibacoa (applaudissements). Le plan du quinquennat prévoit aussi dans cette province des usines de carbonate, de carbure de calcium et d'acétylène ; une usine de meubles, une usine de levure, une usine de dalles, une usine frigorifique pour l’agro-élevage ; et la mise en chantier d'une autre sucrerie. On prévoit la construction d’un centre de chargement et de déchargement, de quatre policliniques, de cinq cliniques dentaires, de deux gymnases de boxe, de quatre piscines et de 10 900 logements ; on envisage d'augmenter les capacités de stockage, de terminer cette année le nouvel hôtel, de créer 660 nouvelles places dans les crèches, 1 800 dans le primaire, 1 800 en internats du secondaire, 1 200 en externats du secondaire et 240 dans l'enseignement spécial (applaudissements).
Pendant le dernier quinquennat, outre les ouvrages qui entreront en service cette année et l'année prochaine, le programme d'investissements a porté sur les domaines de l'agriculture, des transports, de l'éducation et de la santé, sans parler des nouveaux hôpitaux de Tunas et de Puerto Padre, de l’école normale, des écoles secondaires construites à la campagne et de la première école du second cycle pour la canne à sucre qui est une expérience nouvelle.
Il reste encore beaucoup à faire en las Tunas, mais nous notons avec satisfaction que la province se transforme, que les localités se transforment, que la ville de Tunas se transforme à toute allure grâce aux nouvelles usines, aux nouveaux équipements collectifs, aux nouveaux immeubles. II est en train de s'y créer une importante zone industrielle, qui comprend la plus grande usine de structures métalliques du pays et la plus grande usine de bouteilles du pays, l'une des plus modernes du continent (applaudissements), qui produira à plein rendement presque 100 000 tonnes de verre par an et qui emploiera plus de 1 200 travailleurs.
Non seulement l’agriculture, et donc l'agriculture de la canne et l'industrie sucrière, continue de se développer, mais il surgit aussi de nouvelles industries et de nouveaux ouvrages. D'ici où nous sommes, nous pouvons voir cet excellent hôpital, inauguré récemment ; le foyer du troisième âge, qui est de fait un hôtel ; l'école polytechnique de la santé ; et plus loin, s'édifie la future faculté de médecine de las Tunas, et, là-bas, sur la gauche, il y a le nouvel hôtel, me semble-t-il. On construit des rues, des périphériques, des routes ; on développe des secteurs pour le loisir, pour le tourisme, etc. Grâce à l'aide du pays et à vos propres efforts, cette région continuera de se transformer (applaudissements) et se transformera de plus en plus dans la mesure où vous conserverez cet état d'esprit que reflète le mot d'ordre : « En las Tunas, c'est toujours le 26 juillet » (applaudissements prolongés).
Comment va l'économie du pays en ce premier semestre de l'année, qui est aussi le premier du plan quinquennal ?
En ce qui concerne la production, ce semestre a été le meilleur que nous ayons connu depuis la victoire de la Révolution. Le plan économique a été dépassé de 2,4 p. 100 (applaudissements), et cette croissance a porté sur presque tous les secteurs ; en matière de commerce, l’activité a été supérieure de 12 p. 100 à celle de la même période de l'an dernier. II faut souligner que cette croissance se doit à plus de 90 p. 100 à un rendement accru.
Le rendement a augmenté de 12 p. 100 grâce aux mesures d'organisation du travail qui ont été adoptées en vue de la réforme générale des salaires et à l'exigence systématique de toutes nos organisations politiques, de l'administration révolutionnaire et des travailleurs, qui ont cherché une plus grande efficience dans la production et les services. Le salaire moyen a augmenté de 14 p. 100, et plus de deux millions de travailleurs ont bénéficié de la réforme générale des salaires, le fonds de salaires ayant augmenté de 212 millions de pesos pendant ce semestre.
Les efforts qui ont été consentis sont d'autant plus remarquables que les cours du sucre ont brusquement diminué de moitié sur le marché libre mondial par rapport à ceux qui étaient en vigueur à la fin de l'an dernier, ce qui a entraîné une pénurie de certains intrants et ce qui aura incontestablement des retombées sur le second semestre, entre autres raisons parce que le respect de nos obligations financières internationales a été, est et sera toujours prioritaire dans la programmation de nos paiements et que, sur ce plan-là, notre pays a su se gagner un solide prestige, y compris dans les moments les plus difficiles.
Le gros de la croissance a eu lieu dans l'industrie, bien que le bâtiment, les transports, les télécommunications, l’agro-élevage et le commerce aient aussi augmenté.
Cette croissance de 14 p. 100 du secteur indus triel a été acquise grâce au concours de tous les ministères concernés.
L’industrie sidérurgique et de constructions mécaniques a dépassé son plan et accru sa production de 34,1 p. 100 par rapport à l'an dernier : celle de barres d'acier de construction a augmenté de 38 p. 100, celle d'autobus de 45 p. 100, celle de téléviseurs de 35 p. 100 et celle d'appareils de radio de près de 30 p. 100.
Le plan de fabrication de coupeuses-chargeuses de canne, malgré un léger retard durant les premiers mois de l'année, a été atteint ce mois-ci, pour un total de 335 machines, L'usine inaugurée voilà quatre ans prévoit d'atteindre son plein rendement, autrement dît 600 machines, cette année. La production de batteries a augmenté de plus de 2 096, bien qu'il existe actuellement un retard de 98 000 unités sur le plan prévu. L'usine de Manzanillo devra faire le maximum pour atteindre le plan de l'année.
La production dans l'industrie légère a augmenté de 25 p. 100, et le plan a également été dépassé. Ont contribué à cette croissance la production de l'industrie de confection, notamment de draps et de serviettes, qui a augmenté de 15 p. 100 et 63 p. 100 respectivement, ainsi que celle de la chaussure, qui, bien qu'en augmentation de 23 p. 100, ne parvient toujours pas à satisfaire les besoins de la population. La production de savon de Marseille et de détergents a augmenté de plus de 12 p. 100, et celle de savon de toilette de plus de 6 p. 100.
L'industrie lourde a atteint son plan, et sa croissance est de presque 10 p. 100 par rapport à l'année dernière. Une augmentation de 4,8 p. 100 a été enregistrée dans la production de nickel, de 20 p. 100 dans celle d'engrais complexes, de 13 p. 100 dans celle de pneus, de 23 p. 100 dans celle de chambres à air et de 11 p. 100 dans celle du papier. La seule branche industrielle à n'avoir pas augmenté est celle du verre et de la céramique, à cause d'une production insuffisante de bouteilles, ce qui a affecté par contrecoup celle de bière, de sodas et de rhum. De là l'importance de la campagne lancée en vue de récupérer les récipients et de la mise en marche de l'usine de bouteilles de cette ville, qui sera l’orgueil de la province et qui devra produire 300 millions de bouteilles par an quand elle fonctionnera à plein rendement (applaudissements).
La production la plus touchée a été celle de peintures, faute de matières premières en provenance des pays capitalistes.
Les plans de prospection pétrolière se sont accélérés, et de gros progrès ont été enregistrés ; de nouveaux puits ont été percés et la recherche géophysique a été plus poussée.
Il convient de souligner qu'en ce qui concerne la production d'énergie électrique, les nouveaux tarifs et la réduction du taux de consommation de 3,6 grammes par kW/h ont permis d'économiser plus de 80 000 tonnes de combustible.
La production alimentaire a augmenté de plus de 10 p. 100. Soulignons les croissances de 26 p. 100 dans la production de viande de porc, de 24 p. 100 dans celle de viande en conserve, de 8 p. 100 dans celle de lait concentré sucré et non sucré, de 43 p. 100 dans celle de farine de blé, grâce à la mise en marche récente de deux nouvelles minoteries, de 20 p. 100 dans celle de fruits et légumes en conserves.
La pêche a augmenté de 12,9 p. 100, bien que le plan n'ait pas été atteint à cause de difficultés survenues dans la livraison de combustible à la flotte hauturière. Signalons la croissance de la production de poisson en conserve, qui a été de 28 p. 100
Le ministère de la Construction a dépassé son plan de 3,7 p. 100 et sa production a augmenté de 19 p. 100 par rapport à la même période de l'an dernier, grâce aux secteurs suivants : ouvrages industriels, routes, ouvrages hydrauliques, systèmes d'adduction d'eau et d'égouts. II faut souligner que les travaux d'entretien ont augmenté de 50 p. 100 pour un dépassement du plan de 15 p. 100. Les constructions en matière d'agro-élevage, d'enseignement, de santé et autres qui devaient être terminées au cours de cette période ont été affectées par le manque de matériaux de finition. Néanmoins, ont été achevés 57 ouvrages d'agro-élevage, 28 établissements d'enseignement, 3 centres sanitaires et 56 autres édifices. La productivité a augmenté de 27 p. 100 dans le secteur du bâtiment, le nombre de travailleurs ayant diminué de 12 700 par rapport à la même période de l'an dernier. Les constructions du Pouvoir populaire ont crû de 34 p. 100 par rapport à l'an dernier, 60 p. 100de cette production, soit près de 75 millions de pesos, étant allé aux travaux d'entretien.
La production de ciment a atteint 1,5 million de tonnes pendant le semestre, d'où un dépassement du plan. II est prévu au deuxième semestre la mise en service de toutes les lignes des deux nouvelles usines, pour un plan de 2 millions de tonnes, ce qui représente un objectif à la fois difficile et important. La vente de matériaux de construction à la population a augmenté de 15 p. 100, celle de ciment ayant doublé et celle de barres d'acier de construction, triplé.
Sept mille bâtisseurs internationalistes travaillant dans dix pays ont produit à l'étranger, pendant le premier semestre, 70 millions de pesos en ouvrages, trois fois plus que pendant le premier semestre de l'an dernier; le triplement du rendement a été un facteur clé dans ce sens.
L'exécution du plan d'investissements pendant cette période a été supérieure de 16 p. 100 à celle de l'an dernier, tandis que celle des gros investissements qui caractérisent ce quinquennat se poursuit, notamment la centrale nucléaire et la nouvelle raffinerie de pétrole de Cienfuegos ; la troisième étape de l'agrandissement de l'usine sidérurgique Antillana de Acero ; l'usine de nickel de Punta Corda ; la centrale thermique de l'est de La Havane; la filature de Wajay et le combinat textile de Santiago de Cuba, tous ces ouvrages se réalisant en collaboration avec l'URSS. Poursuivant son programme de développement énergétique, le pays a acquis récemment en France une centrale thermique de 330 MW, soit la capacité totale du pays avant la révolution, dont la construction commencera prochainement à Matanzas (applaudissements).
Vingt-huit usines ont été mises en marche pendant ce semestre, entre autres les laboratoires d'antibiotiques semi-synthétiques de La Havane et d'hécogénine de Matanzas ; l'usine de cuisinières à pétrole lampant de Villa Clara ; l'usine de cryptococassées de la sucrerie Guatemala ; la fromagerie de Bayamo; l'abattoir de volailles d’Holguín ; deux usines de purification d'eau à Holguín et à Santiago de Cuba ; l'agrandissement des frigorifiques de Pinar del Río, de Matanzas et de Camagüey. Le combinat d'outils agricoles Héros du 26 juillet sera mis en marche à Holguín, grâce à la coopération de la Bulgarie (applaudissements).
La construction de sucreries se poursuit. Celle de Cienfuegos entrera en fonctionnement cette année.
Les productions du ministère de l'Agriculture ont augmenté pendant ce semestre de 16,1 p. 100, les résultats les plus brillants étant ceux du tabac, des légumes et des tubercules comestibles.
La production de tabac a été affectée deux années de suite par la moisissure bleue. Toutes les mesures ont été prises pendant cette campagne pour récupérer les niveaux de production, et bien qu'au départ les fortes pluies aient quasiment détruit les semis, les résultats obtenus pendant ce semestre permettent d'estimer que la cueillette dépassera 50 000 tonnes, l'une des plus grandes de notre histoire, et laissent supposer que le plan sera dépassé de plus de 17 p. 100.
La récolte de tomates a atteint un chiffre record de 260 000 tonnes, ce qui a permis à l'industrie de dépasser son plan de production de sauce tomate de 7 800 tonnes, ce qui est également un score sans précédent. Les ventes de tubercules à l'État ont atteint 10 300 000 quintaux, un million de plus que pendant le premier semestre de l'an dernier. Soulignons les rendements obtenus dans la culture de pomme de terre : presque 6 000 quintaux par caballería.
Le plan a été dépassé de 24 p. 100 en ce qui concerne les ventes d'agrumes à l'État, et de plus de 27 p. 100 pour la production à l'exportation.
La sécheresse de cette année a affecté les semis de printemps dans les rizières, ce qui nous empêchera d'atteindre les niveaux prévus, et s'il ne pleut pas suffisamment dans les prochains mois, d'autres cultures pourraient être touchées.
L'expérience acquise en 1971 dans la suppression du foyer de peste porcine, une meilleure organisation et les efforts de nos techniciens et travailleurs ont permis d'éradiquer totalement le foyer qui a surgi au début de l'an dernier et qui a touché 173 000 têtes. Les mesures adoptées ont permis cette année de repeupler les provinces de Guantánamo et de Santiago de Cuba. Au cours du semestre, les livraisons de viande de porc poids vif ont dépassé 30 000 tonnes, soit 5 000 de plus que le plan.
Le bétail bovin a atteint un poids moyen de quatorze kilos de plus que prévu, ce qui a permis de dépasser le plan de 5 500 tonnes en abattant 2 200 bêtes de moins.
La production de lait a atteint ce semestre un record de 390 millions de litres. Les deux provinces de La Havane ont rempli leur objectif de produire 1 200 000 litres de lait par jour au printemps, qui est la meilleure saison.
La production de viande de volaille, 49 000 tonnes, a dépassé de plus de 3 000 tonnes les prévisions. La production d'œufs a été dépassée de plus de 27 millions d'unités, pour un total de presque 1,2 milliard d'œufs pendant ce semestre.
Les rendements élevés de l'industrie et de l'agriculture se sont reflétés de façon positive dans l'offre et la distribution de biens de consommation et dans l'amélioration des restaurants communautaires.
Les ventes au détail à la population ont été réalisées à 107 p. 100et ont augmenté de 14 p. 100 par rapport à la même période de l'année dernière, à raison de 7 p. 100 pour les denrées alimentaires et de 23 p. 100 pour les produits industriels.
La distribution totale a augmenté, aussi bien dans les restaurants (14 p. 100) que dans les cantines.
La consommation par habitant de tubercules comestibles a augmenté de 6 p. 100 pour atteindre plus de 30 kilos. La distribution totale de pommes de terre s'est élevée de 14 p. 100, celle de manioc de 40 p. 100 et celle de bananes de 27 p. 100, tandis que celle de patates et de taros a diminué. La consommation de légumes par habitant a atteint près de vingt kilos et a augmenté de 38 p. 100, du fait, surtout, qu'on a vendu plus de tomates et d'oignons que l'an dernier. Pour les fruits, la vente totale a augmenté de 6 p. 10o. Le réseau d'agro-marchés mis en place a facilité l'acquisition de ces produits. De même le marché parallèle offre des denrées alimentaires, notamment des fruits et des légumes en conserves, du lait, du fromage et des dérivés de la viande.
En ce qui concerne les produits lactés, l'offre a augmenté de 2 p. 100 pour le lait, de 9 p. 100 pour les glaces, de 10 p. 100 pour les yaourts et de 19 p. 10o pour le fromage. La vente totale de poisson a augmenté de 8 p. 100.
La croissance du transport de marchandises et de passagers a été de 19,3 p. 100, bien que le service ferroviaire de passagers n'ait pas atteint son plan, faute de pièces de rechange, cette situation devant être résorbée dans les prochains mois. L'entreprise des transports urbains de La Havane a fait presque 29 000 trajets par jour, soit une amélioration de 4,6 p. 100. Le service d'autobus interprovinciaux a dépassé son plan de 7,3 p. 100 et augmenté de 10 p. 10o par rapport à la même période de l'an dernier.
Le ministère des Transports a transporté par route et par chemin de fer 13 p. 100 de plus de marchandises que pendant le premier semestre de l'an dernier.
La moyenne mensuelle de déchargements de marchandises dans les ports a été de 658 000 tonnes, soit 47 000 tonnes de plus que l'an dernier. Les chargements en souffrance ont diminué de 150 000 tonnes et la starie a diminué de deux millions de pesos.
Notre peuple connaît les efforts qu'a consentis la Révolution en matière d'éducation, mais rien ne les exprime mieux que le nombre d'élèves ayant terminé les différents cycles d'études à la fin de cette année scolaire : 219 700 dans le primaire, 169 862 dans le premier cycle du second degré, 32 748 dans le deuxième cycle du second degré, 45 664 en ce qui concerne les techniciens moyens et ouvriers professionnels, 42 525 en ce qui concerne les instituteurs et les professeurs; 51 629 adultes ayant terminé le primaire, 33 305 le premier cycle du secondaire, 10 186 le deuxième cycle ; 26 767 étudiants dans l'enseignement supérieur. Le développement de l'enseignement secondaire et supérieur, l'élévation du nombre de diplômés et celle du niveau scolaire de la population ont été impressionnants ces dernières années.
Plus de 18 millions de manuels avaient été imprimés début juillet, ce qui satisfait les besoins pour la prochaine année scolaire. Ce succès remporté par les travailleurs de la culture et des autres secteurs connexes doit se poursuivre, car c'est là un principe.
Il faut souligner qu'alors que l'impérialisme yankee n'a pas été capable de céder quelques miettes de ses énormes ressources pour permettre à Porto Rico d'être le siège des prochains Jeux centraméricains et caraïbes, Cuba s'est offert pour le devenir et, grâce à la base matérielle que la Révolution a su créer en matière de sports, elle garantira, sans esbroufe ni luxe, mais avec dignité et organisation, la tenue de ces jeux régionaux (applaudissements).
A la date du 30 juin, outre les bâtisseurs, près de 8 000 travailleurs internationalistes cubains prêtaient leurs services dans trente-six pays, dont 1 196 médecins et un total de 2 264 travailleurs de la santé.
Cuba fournit une aide importante dans l'enseignement ; un groupe d'instituteurs vient de terminer avec succès un travail d'un an au Nicaragua (applaudissements), tandis que les contingents Che Guevara et Frank Pais poursuivent leur tâche en République populaire d'Angola. Pendant l'année scolaire 1980-1981, les enseignants internationalistes se sont montés à 3 562.
Douze mille jeunes travaillent et se forment en RDA, en Tchécoslovaquie et, depuis quelque temps, en Hongrie, et regagneront notre patrie comme ouvriers hautement qualifiés grâce à cette forme de coopération.
Les résultats encourageants de la première moitié de l'année, de pair avec les succès obtenus par nos travailleurs en matière de défense – les plans ont été également dépassés dans ce secteur – sont assurément la réponse vigoureuse que le peuple a donnée au mot d'ordre lancé par le deuxième Congrès de notre parti, à savoir «production et défense» (applaudissements).
Je peux ajouter une bonne nouvelle, et même une très bonne nouvelle: la vache Blanc Pis a donné hier 89,9 litres de lait (applaudissements), 89,9 litres de lait !, établissant ainsi un nouveau record extraordinaire, peut-être en honneur au 26 juillet (rires et applaudissements).
La campagne sucrière. Les mesures qui ont précédé la campagne sucrière 1980-1981 ont été décisives pour assurer une meilleure efficience : le désherbage des cannaies, les soins apportés aux cultures, y compris dans les surfaces plantées de la variété Barbade 4362 et touchées par la rouille, le fait d'avoir assuré avec souplesse les ressources permettant de faire les réparations et les investissements en temps voulu, la coopération résolue de tous les organismes qui interviennent dans la campagne sucrière et des organisations de masse, l'aide constante assurée en priorité par le parti à toutes les instances, tout ceci a joué un rôle capital, notamment l'état d'esprit, le sens des responsabilités et le dévouement des travailleurs qui ont répondu à l'appel de la Révolution. Le climat a aussi contribué dans une certaine mesure à ce que nous puissions terminer la campagne sucrière, pour l'essentiel, le 30 avril.
Voici, rapidement, certains chiffres qui peuvent illustrer le travail et les efforts réalisés pendant cette campagne. 425,7 millions d'arrobes de canne de plus que prévu ont été broyés (applaudissements) ; les sucreries ont broyé à 89 p. 100 de leur capacité potentielle, ce qui est sans précédent dans notre pays. Le rendement industriel a atteint 85,31 p. 100, un record pour les quinze dernières années, bien qu'environ la moitié de la canne ait été coupée par des machines. L'économie de pétrole a été de 28 913 tonnes.
La productivité de la coupe à la main a été de 252 arrobes, soit 46 de plus que pendant la campagne sucrière précédente. Le formidable mouvement des brigades qui s'engagent à couper plus d'un million d'arrobes a enregistré 218 brigades de plus que l'an dernier. L'Armée des jeunes travailleurs a atteint un rendement de 302 arrobes par homme, ce qui le maintient comme la force la plus productive du pays (applaudissements). Les coupeuses-chargeuses ont atteint chacune un rendement de 7 900 arrobes par jour, soit en moyenne 800 de plus que l'an dernier.
Les nouvelles sucreries 30 Novembre et Bataille de las Guásimas, construites à partir d'un projet cubain et fonctionnant avec des machines fabriquées en grande partie à Cuba, ont dépassé leurs prévisions en matière de production en leur première année d'exploitation, ce qui constitue l'un des résultats les plus notables et l'un des succès les plus éloquents de la Révolution (applaudissements). L'industrie a traité les volumes de canne fournis et ses indices de « temps perdu » ont été les plus bas des dernières années.
La quatrième brigade de travail a été implantée dans cinquante sucreries, ce qui a permis d'augmenter le nombre de travailleurs de 2850, tandis que le coefficient sectoriel a été appliqué aux salaires des travailleurs. 58 815 travailleurs ont touché des primes pour accomplissement du plan de production. 95 336 travailleurs de l'industrie sucrière et 215 475 de l'agriculture de la canne ont bénéficié des nouveaux salaires. Dans les entreprises de canne à sucre, le coefficient sectoriel a été appliqué aux salaires de tous les travailleurs. En règle générale, on a bien plus tenu compte du facteur humain que dans toutes les autres campagnes sucrières.
Signalons toutefois que le rendement de seize sucreries, qui broient environ 31 p. 100 de la canne, n'a pas été satisfaisant en comparaison du reste du pays. La nation et les provinces concernées doivent donc y concentrer les plus gros efforts afin d'éliminer les problèmes industriels et agricoles pour la prochaine campagne sucrière.
Parallèlement à cette campagne sucrière si réussie et par la suite, d'autres travaux essentiels ont été réalisés avec beaucoup d’acharnement et d'efforts dans l'agriculture de la canne. Nous allons donner les résultats obtenus dans certains travaux fondamentaux.
Semis de printemps. Le plan le plus élevé jamais réalisé à Cuba avait eu lieu en 1975, pour un total de 21 232 caballerías. Le plan de cette année se montait à 29 124 caballerías, soit 7 892 de plus. Or, le pays en a semé 31 314, soit 2 190 de plus que le plan et 10 082 de plus qu'en 1975 (applaudissements). Toutes les provinces ont respecté leur plan.
Semis en plates-bandes. Cette technique, utilisée dans les terrains situés en contrebas et où le drainage est insuffisant, a été introduite à grande échelle cette année à partir d'expériences positives réalisées principalement sur la côte nord de Villa Clara. La surface semée a été de 6 526 caballerias.
Pertes lors des semis de printemps. Il n'y a pas eu pratiquement de pertes jusqu'au 30 avril. En mai, il a fallu autoriser les semis bien qu'il n'ait pas encore plu et que parfois le taux d'humidité ait été faible. II était indispensable de courir ce risque devant un plan de semis aussi important et en prévision de la prochaine arrivée des pluies traditionnelles de printemps. En juin, les pluies ont été très dispersées et bien inférieures à la normale. Malgré ces aléas climatiques, les pertes totales se sont montées à 3 072,5 caballerías, soit 9,8 p. 100 des surfaces semées. Toutefois, il a été possible de ressemer 1 051,2 caballerías grâce à un travail extraordinaire dans ce sens. Les pertes définitives ont donc été de 2 021,3 caballerías, soit 6,6 p. 100 des surfaces semées. Les provinces dont les pertes ont été les plus faibles, compte tenu des semis de complément, sont : Villa Clara, 0 p. 100 ; Santiago de Cuba, 0 p. 100 ; Granma, 0,2 p. 100 ; Pinar del Rio, 0,3 p. 100 ; Havane, 1,9 p. 100 ; Matanzas 2,3 p. 100 ; Guantánamo, 2,5 p. 100 ; Cienfuegos, 3,8 p. 100.
Les provinces où les pertes ont été les plus sévères sont : Las Tunas, 18 p. 100 (applaudissements dispersés). Non, pour ça, pas d'applaudissements... Il est vrai que votre plan était très important, que le temps a été défavorable, mais les pertes ont été relativement élevées. Ce résultat, il ne fait pas l'applaudir, mais bien le critiquer. Vous devez vous engager l'année prochaine à faire des semis encore meilleurs et à réduire les pertes. Les semis ne seront pas aussi grands l'an prochain, et vous aurez donc la possibilité de faire un meilleur travail. Holguín, 10 p. 100 ; Ciego de Ávila 9,7 p. 100 ; Sancti Spíritus, 9,7 p. 100 ; Camagüey : 9,2 p. 100.
Pour nous faire une idée exacte de ce que représentent ces résultats, nous allons les comparer avec ceux d'autres années à l'échelle nationale. En 1978, 16,7 p. 100 de pertes ; en 1979, 21 p. 100 ; en 1980, 9, 7 p. 100 ; et cette année, 1981 : 6,6 p. 100 de pertes. C'est donc la meilleure année.
Fertilisation. La fertilisation équilibrée des pousses a pratiquement terminé le 30 juin, et le travail va bien. La fertilisation équilibrée des nouvelles cannaies a pris du retard, qu'il faudra rattraper ce mois-ci et le prochain. La fertilisation azotée offre, elle, des difficultés, bien que 72 000 caballerías ait déjà reçu des engrais au 30 juin.
Désherbage à la main. Pour la seconde année consécutive, un grand travail a été effectué dans ce domaine. Au 20 juillet, 122 299 caballerías avaient été désherbées de cette façon, soit 1 570 de plus que l'an dernier à la même date. Le plan de désherbage pour juillet avait été acc0mpli, au 23 juillet, à 110 p. 100, certaines provinces devant atteindre leurs chiffres dans les prochains jours. Grâce au travail qui sera réalisé dans les derniers jours de juillet et en août, outre le soutien que fournit l'application d'herbicides, les résultats devront être supérieurs cette année.
Comportement des pluies. Cette année, les précipitations ont été irrégulières aussi bien par leur distribution que par leur ampleur. Dans plusieurs provinces, voire dans certaines zones, la situation a été vraiment critique. A l'échelle nationale, les pluies n'ont été supérieures à ta moyenne historique et à celle de l'an dernier qu'au mois de mars. Il était tombé au 30 juin 429 millimètres, soit 129 de moins que la moyenne historique et 80 de moins que l'an dernier. En mai, qui est un mois clé pour la culture de la canne, il n'est tombé que 128 millimètres, soit 57 de moins que la moyenne historique.
Il nous reste encore plusieurs travaux décisifs cette année.
Avant de conclure, je voudrais lire un petit paragraphe qui devait aller avant les chiffres sur la fertilisation. Il s'agit de la culture en profondeur, et je ne voudrais pas le passer sous silence. Cette activité n'était pas inscrite à nos plans de l'année. Pourtant, en faisant un effort spécial, nous avons cultivé en profondeur, jusqu'au 20 juillet, plus de 20 400 caballerías de jeunes pousses. Toutes les provinces ont fait un bon travail sur ce point. C'est là une technique nouvelle que nous avons commencé à employer cette année et nous espérons l'an prochain l'étendre à la quasi-totalité des jeunes pousses.
Je disais donc qu'il nous reste encore plusieurs tâches décisives. Par exemple : poursuivre le désherbage, pour que le niveau des mauvaises herbes soit inférieur à la moyenne en septembre ; accélérer les travaux de semis de complément en août et septembre pour que les semis de printemps soient «peuplés» en octobre à au moins 85 p. 100 ; faire en sorte que les 10 188 caballerías à semer en hiver le soient avec une qualité optimale afin de dépasser de 2 200 caballerías les chiffres directeurs prévus au 31 décembre 1981 ; assurer les réparations des sucreries et des engins agricoles afin que toutes les sucreries démarrent au moment prévu ; adopter en temps opportun les mesures permettant de garantir les livraisons pour les réparations des sucreries et des engins agricoles ; travailler dès à présent à la sélection de la main-d’œuvre nécessaire à la coupe de la prochaine campagne sucrière.
J'en ai fini avec les questions économiques.
Je voudrais maintenant aborder un thème important. J'espère que la pluie qui menace nous le permettra. J'ai apporté quelques documents, car il est impossible de connaître ces données par cœur, et j'essaierai de les protéger pour qu'ils ne se mouillent pas (applaudissements). Je crois que nous sommes capables de supporter une petite averse, n'est-ce pas ? (Cris de « Oui ».)
Cette question que je vais aborder est importante, très importante.
Ces deux dernière années, quatre épidémies nocives ont frappé notre pays, affectant les animaux, les plantes et dernièrement les humains : la peste porcine africaine, la rouille de la canne, la moisissure bleue du tabac et, maintenant, le virus numéro deux de la dengue.
Maints citoyens de ce pays sont profondément convaincus que ces maladies, en particulier la dengue, ont été introduites par l'impérialisme yankee. Je vais donc m'étendre sur ce point pour bien situer les choses et bien faire comprendre les circonstances.
Cherchant à développer leur arsenal militaire à l'issue de la deuxième guerre mondiale, les États-Unis ont porté une attention croissante aux travaux ayant trait à la fabrication d'armes chimiques et bactériologiques, y consacrant des ressources, du personnel et des institutions spécialisés.
Un rapport préparé en mai 1969 pour la sous-commission spéciale sur la Fondation nationale des sciences, rattachée à la commission du travail et sécurité sociale du Sénat des États-Unis, et analysant la nature et l'histoire de la guerre bactériologique, ainsi que les avantages éventuels d'un système d'armes bactériologiques, reconnaît qu'il a été consacré un financement accru à la mise au point de ce type d'armes, la recherche dans ce secteur ayant absorbé rien qu'en 1969 plus de 175 millions de dollars.
Ce rapport signale entre autres ce qui suit:
« La guerre bactériologique consiste en l'introduction délibérée d'organismes capables de causer des maladies chez les personnes, les animaux ou les plantes. Les organismes sont semblables à ceux que l'on trouve dans la nature, mais ils peuvent être sélectionnés et cultivés de façon à être plus virulents et plus résistants. Certains peuvent même devenir résistants aux drogues et aux antibiotiques. »
Le rapport poursuit:
« Il est difficile de prouver dans certaines circonstances l'existence d'une attaque, puisque les organismes transmetteurs existent de toute façon dans la nature et que, s'ils sont envoyés clandestinement, on peut toujours alléguer que la situation est due à une épidémie spontanée. L'efficacité d'attaques bactériologiques à grande échelle contre des populations non protégées est comparable à celle des armes nucléaires. Les récoltes sont vulnérables aux attaques bactériologiques. »
« Les armes bactériologiques — poursuit le rapport — sont parfaitement adaptées à des actions secrètes, comme les sabotages. Elles agissent à retardement, sont difficiles à déceler et n'exigent qu'une petite quantité ; en outre, étant donné que les agents bactériologiques sont invisibles, inodores, insipides et ne produisent généralement pas de dommages physiologiques immédiats, il est sans doute quasiment impossible de les dépister à temps. »
D'après le livre Les Armes silencieuses de Robin Clarke, la Commission scientifique internationale a mené une enquête en 1952, à l'invitation de l'Académie chinoise et du Comité chinois pour la paix, après que les Chinois et les Nord-Coréens ont accusé les États-Unis d'avoir livré une guerre bactériologique sur leurs territoires. La Commission internationale a interrogé des témoins locaux qui ont déclaré qu'après que des avions étasuniens avaient survolé différentes régions, des maladies inhabituelles y étaient apparues. Ils y ont dénoncé par ailleurs l'apparition de concentrations exceptionnellement élevées d'insectes qui soit étaient inconnus dans le coin soit surgissaient à des saisons inadéquates de l'année. Qui plus est, la Commission a découvert que divers insectes avaient fait leur apparition dans la région à une époque qui n'avait absolument rien à voir avec l'ordre naturel.
Plus récemment, lors de la guerre du Viet Nam, il a été de notoriété publique que les États-Unis ont employé à grande échelle des agents chimiques extraordinairement toxiques pour la population civile et les animaux, ainsi que des produits chimiques défoliants qui ont ravagé les récoltes, les plantations 'et les forêts.
Le 29 août 1960, la sous-commission du désarmement de la Commission des relations extérieures du Sénat des États-Unis présentait une étude où elle exprimait son inquiétude devant la fabrication croissante de ce type d'armes aux États-Unis et estimait leur contrôle nécessaire. Cette étude espérait — citation textuelle — que la diffusion de ce document provoquerait peut-être une meilleure prise de conscience des problèmes engendrés par la guerre chimique, bactériologique, radiologique et du contrôle à établir sur les armes chimiques et bactériologiques.
Le rapport signale que l'armée a isolé cinq agents de la guerre bactériologique, y compris certains composés chimiques qui sont employés pour freiner ou arrêter la croissance des plantes.
Il souligne par ailleurs les avantages de la guerre bactériologique sur la guerre chimique, puisque l'indispensable période d'incubation de plusieurs jours ou semaines rend plus difficile le dépistage des agents, contrairement à l'action immédiate des produits chimiques.
Il indique en outre les agents qui peuvent être employés contre le personnel militaire ou civil, classés selon leurs effets létaux du niveau le plus bas, comme la grippe, au niveau le plus élevé, comme le charbon.
Ces agents sont groupés comme suit:
Agents de la guerre bactériologique contre les personnes:
Bactéries : charbon, dysenterie, brucellose, choléra, diphtérie, gastro-entérite, morve, mélioïdose, paratyphoïde, tuberculose, tularémie, typhoïde ;
Rickettsies : typhus, fièvre pourprée des montagnes Rocheuses, fièvre du Queensland ou fièvre Q ;
Virus : psittacose, maladies encéphaliques, grippe, variole, fièvre jaune, dengue et hépatite infectieuse ;
Champignons : coccidioïdomycose, histoplasmose ;
Toxines: botulisme et empoisonnement des aliments par des staphylocoques.
Agents de la guerre bactériologique contre les animaux :
Bactéries : charbon, brucellose et morve;
Virus : fièvre aphteuse, peste bovine, fièvre de la vallée du Rift, stomatite vésiculaire, exanthème vésiculaire, choléra du porc, peste porcine africaine, maladie de Newcastle et maladie de Borna.
Agents de la guerre bactériologique contre les récoltes (trois types) :
Des micro-organismes producteurs de maladies ; des insectes nuisibles qui provoquent des dommages extérieurs aux plantes ou agissent en tant que vecteurs de propagation de la maladie ; des composés chimiques qui tuent les plantes.
Les agents suivants seraient employés en tant qu'armes économiques, en vue de limiter l'approvisionnement en denrées alimentaires et de détruire les cultures industrielles, comme le coton, le caoutchouc, les bois utiles :
Agents pathogènes des plantes : le mildiou de la pomme de terre, les taches brunes de riz, le charbon du riz, la rouille noire des céréales, la rouille couronnée, le charbon du maïs, la mosaïque du tabac, la cloque de la betterave sucrière, la nervation noire des crucifères et le flétrissement de la pomme de terre.
Insectes et autres animaux nuisibles : le hanneton japonais, le bruche mexicain des haricots, le scarabée du coton, les sauterelles ou criquets, la mouche de Hesse, la noctuelle, le ver des épis de maïs, la cicatelle ou jasside, les nématodes et la limace géante d'Afrique.
Le rapport analyse les différentes modalités do dissémination ou transfert des agents de la guerre bactériologique, en soulignant que l'utilisation d'aérosols par avion permet de couvrir de grandes surfaces, sans parler d'autres méthodes de dissémination. Il indique en outre que la nature des agents de la guerre bactériologique permet de les adapter facilement à des opérations cachées ou ouvertes.
En même temps, poursuit le rapport, la défense contre la guerre bactériologique est très compliquée, à cause de la difficulté d'en déceler les agents, ce qui est d'ailleurs presque l'apanage de ce genre d'arme.
Les moyens de défense réels contre les agents de la guerre bactériologique sont similaires sous bien des rapports à ceux qu'on utilise contre les agents chimiques, bien que l'essentiel soit l'application rigoureuse de mesures sanitaires, telles que la préservation de l'hygiène, le contrôle des insectes et des rongeurs, la protection des aliments et des eaux contre la contamination, la quarantaine des endroits contaminés, ainsi que l'éducation et la discipline du personnel.
La conférence sur la guerre chimique et bactériologique tenue à l'hôtel Bonnington (Londres), en 1968, a souligné que les milieux qui travaillent sur les armes bactériologiques s'intéressent fortement à la dengue en tant qu'arme efficace contre les personnes.
Dans son livre Guerre chimique et bactériologique : arsenal caché des USA, l'écrivain étasunien Seymour Hersh décrit quelques-unes des bases secrètes où les États-Unis préparent leurs armes chimiques et bactériologiques : l’arsenal d'Edgewood et Fort Detrick. Edgewood est une installation gigantesque au nord-ouest de Baltimore, de 10 000 acres de superficie, où travaillent environ 4 000 civils et 1 000 militaires. Son budget s'est gonflé pour atteindre un maximum pendant la guerre du Viet Nam.
Fort Detrick, de 1 300 acres, dans le Maryland, emploie 2 500 civils et 500 militaires. Sa spécialité est la mise au point de différentes armes bactériologiques. Au cours de la deuxième guerre mondiale, il a mené d'importants travaux qu'il a développés plus tard. Le livre mentionne différents accidents survenus au personnel du centre, notamment des maladies mortelles, telles que le charbon, la pneumonie et la méningite. Le rôle de cette base pour la guerre bactériologique est similaire à celui que joue Edgewood pour la guerre chimique. Detrick contrôle l'acquisition, les essais, les recherches et le développement de tous les équipements et produits essentiels pour une offensive avec des armes bactériologiques. « Le résultat était inévitable, signale l'écrivain. Depuis 1961, les forces armées ont fait des progrès spectaculaires dans tous les domaines de la guerre bactériologique et chimique. Derrière le mur du silence dressé au cours de la deuxième guerre mondiale, des scientifiques de la guerre chimique et bactériologique - travaillant dans six bases militaires, dans plus de soixante-dix universités du monde entier et clans des corporations privées et à but non lucratif – ont perfectionné les gaz, les herbicides et les défoliants, ainsi qu'une foule de moyens de destruction qui vont depuis les gaz incolores et inodores qui agissent sur le système nerveux jusqu'aux bactéries conçues biologiquement pour résister aux antibiotiques. »
L'utilisation d'insectes pour transmettre des maladies (les insectes sont bien connus comme vecteurs) a été l'objet d'études approfondies à Fort Detrick. Un journaliste a écrit que le stock d'insectes de Fort Detrick comprenait en 1959 des moustiques porteurs de fièvre jaune, de paludisme et de dengue ; des puces porteuses de peste ; des tiques porteuses de tularémie, de fièvre récurrente et de fièvre à tique du Colorado ; des mouches domestiques porteuses de choléra, de charbon et de dysenterie.
Selon des données révélées récemment par le Département de l'armée étasunienne, le Centre d'armes bactériologiques de l'armée de terre des USA a, en juillet 1958, fait des expériences avec des moustiques Aedes aegypti, vecteurs de la fièvre jaune, dans un polygone aérien de la Floride. L'essaim de moustiques, non contaminé par la fièvre jaune et composé d'environ 600 000 exemplaires, a été dispersé au-dessus du polygone par avion. Les résultats des recherches ont démontré que les moustiques avaient atteint en une seule journée des distances de 1,6 à 3,2 km et piqué de nombreuses personnes, et qu'il était tout à fait possible d'utiliser les moustiques pour répandre la fièvre jaune à de grandes distances.
Le journal Granma a publié la nouvelle suivante le 30 octobre 1980 :
« WASHINGTON, le 29 octobre (PL). Le gouvernement des États-Unis a songé sérieusement en 19056 à employer le moustique porteur de la fièvre jaune contre l'Union soviétique.
«D'après des documents militaires déclassés et rendus publics aujourd'hui, l'armée étasunienne avait pensé utiliser le moustique Aedes aegypti pour infecter le territoire de l'URSS de la fièvre jaune.
« L'Union soviétique avait été choisie comme objectif militaire, compte tenu du fait que cette maladie y est extrêmement rare et que ses citoyens pouvaient être affectés plus facilement.
« Des millions de moustiques porteurs de la fièvre jaune font l'objet d'expériences à Fort Detrick et à Edgewood, qui peuvent en produire un demi-million par mois, en attendant la construction d'une nouvelle usine conçue par l’armée, et qui pourra produire 130 millions de moustiques par mois.
« Le document souligne que les expériences menées à bien portaient aussi sur la manière dont les moustiques pouvaient pénétrer dans les maisons et dans les zones protégées de l'URSS.
« Les documents déclassés assurent que l’agression contre l'URSS tiendrait compte de l'impossibilité de l'URSS de lancer un programme d'immunisation massive contre l'attaque des moustiques. »
Une dépêche de Prensa Latina, datée du 7 janvier 1881 à New Delhi, cite une dénonciation de l'agence indienne Press Asia International, qui accuse les États-Unis de se préparer à la guerre bactériologique et de réaliser des expériences dangereuses dans la ville pakistanaise de Lahore.
D'après l'information, des scientifiques et des spécialistes de l'Université du Maryland, dirigés par David Nelin et d'autres hauts fonctionnaires du Centre médical de Lahore, prennent la population civile de la ville comme cobayes pour faire des expériences à grande échelle sur la pollution bactériologique.
Certains essais avaient provoqué, au moment de l'information, la mort de trente personnes, victimes de la fièvre jaune inoculée par une variété de moustiques qui n'existait pas auparavant dans la région, tandis que d'autres victimes de ces expériences étaient maintenues en observation dans les hôpitaux de Lahore et de Rawalpindi.
D'après l'information, l'insecte, qui a été introduit à partir des États-Unis, est très résistant au milieu, s'adapte facilement aux changements et s'est rapidement dispersé à travers la ville. Près de 90 p. 100 des personnes piquées sont décédées.
L'idée d'employer des armes bactériologiques contre Cuba a été signalée à plusieurs reprises par différents organes de presse des États-Unis. Au cours de la 91e session du Congrès des États-Unis, les 18 et 20 novembre et les 2, 9, 18 et 19 décembre 1969, une audience a porté sur les projets éventuels d'utiliser des armes bactériologiques contre Cuba. Le dialogue suivant est éloquent:
« M. FRASER — On a dit que les États-Unis étaient prêts à employer des armes bactériologiques contre Cuba. Pouvez-vous nous dire si cela est vrai ?
« M. PICKERING — Je l'ignore.
« M. FRASER — Y a-t-il quelqu'un parmi nous qui ait des informations sur ce point? (Pas de réponse.)
« M. PICKERING — J'ai lu dans la presse les débats à ce sujet.
« M. MACCARTHY — Je dirais que la Commission des relations extérieures du Sénat n'est pas étrangère aux incidents auxquels on fait allusion, et il y a des gens au gouvernement qui connaissent tous les comptes rendus d'aujourd'hui et d'hier. Je sais que les informations sont disponibles dans ces comptes rendus... »
Nous connaissons les plans sinistres que l'impérialisme a échafaudés contre notre pays dans les années 60 : sabotages de l'économie, fléaux contre les plantes et les animaux, défoliants dans les cannaies, interruption des pluies en bombardant les nuages avec des produits chimiques avant qu'ils n'atteignent notre pays, bactéries contre le sucre, attentats personnels contre des dirigeants de la Révolution, cigares empoisonnés, champignons dans les vêtements pour provoquer des maladies mortelles, mercenaires engagés par la maffia, fusils à lunette, balles empoisonnées, etc., etc.
Ce ne sont pas des inventions de notre part, mais des faits reconnus par le Sénat des États-Unis lui-même.
J'ai amené une partie du rapport de la Commission spéciale du Sénat, de 1975, d'où l'on peut extraire, en guise de supplément, quelques paragraphes intéressants. Voilà, par exemple, ce que dit le Sénat des États-Unis :
En novembre 1961, il a été proposé un programme plus large de nouvelles actions clandestines pour renverser Castro. Le conseiller du président, Richard Goodwin, et le général Edward Lansdale, qui possédaient de l'expérience en matière de contre-insurrection, ont joué un rôle clé dans la création de ce programme, qui s'est appelé Opération Mongoose.
[…]
Vers la fin de 1961 ou le début de 1962, William Harvey a été chargé de la Force opérationnelle W de la CIA, responsable de l'Opération Mongoose. La Force opérationnelle W agissait sous les ordres du Groupe spécial élargi et employait environ quatre cents personnes au siège de la CIA et à l'antenne de Miami. McCone et Harvey étaient les principaux membres de la CIA au sein de l'opération Mongoose. […]
Le 19 janvier 1962, les principaux participants de Mongoose se sont réunis dans le bureau de l'Attorney General Kennedy... Les notes prises au cours de la réunion par George McManus, adjoint exécutif de Helms, contenaient ce qui suit : « Conclusion : Renversement de Castro, si possible, (...) la solution du problème de Cuba est prioritaire pour le gouvernement des États-Unis. On ne saurait ménager ni le temps, ni l'argent, ni les efforts ni les ressources humaines. » [...]
Le 18 janvier 1962 — poursuit le rapport — Lansdale a distribué trente-deux travaux préparatoires aux agences qui prenaient part à l'opération Mongoose. Dans un mémorandum adressé aux membres du groupe de travail, Lansdale a souligné : « Notre tâche est de mettre à contribution le génie américain dans ce projet, d'une manière rapide et efficace. Cela exige des changements dans notre manière de travailler et une prise de conscience très claire du fait que nous nous trouvons sur pied de guerre et qu'on nous a donné plein pouvoir. »
Les trente-deux tâches à accomplir comprenaient toute une série d'activités, qui allaient depuis la collecte d'informations d'espionnage, — en vue « d'employer les forces militaires américaines pour soutenir le mouvement populaire cubain » jusqu'à la mise au point d'un « programme opérationnel de sabotages à Cuba ». […]
Le 19 janvier 1962, Lansdale a ajouté une nouvelle tâche à celles qui avaient été assignées le 18 janvier. Cette « trente-troisième tâche » correspondait à un plan pour « interdire » le travail des travailleurs sucriers cubains, moyennant l'emploi d'agents chimiques de guerre. Lansdale a déclaré que ce projet comprenait l'emploi d'agents chimiques non létaux en vue de rendre malades temporairement les Cubains et de les maintenir éloignés des champs de canne pendant une période de vingt-quatre à vingt-huit heures, « sans effets nocifs ». Cette tâche a d'abord été approuvée comme projet à planifier, avec la précision que son adoption finale relevait d'une « décision politique »... Le Groupe opérationnel élargi a approuvé les trente-trois tâches de Lansdale, en vue d'élaboration, le 30 janvier 1062. [...]
Revisant son programme en vue du Projet Cuba, le 20 février 1962, le général Lansdale y incluait son « Plan fondamental d'action ». La phase IV de ce plan comprenait entre autres :
« Attaque contre les cadres du régime, y compris les dirigeants clés... Ce doit être une opération « objectif spécial ». Sur ce point, les opérations de la CIA avec des déserteurs sont vitales. Les membres de la pègre peuvent fournir les meilleures recrues potentielles pour des actions contre les officiers du G-2. II faut ajouter des techniciens du Bloc à la liste des objectifs. Les agents de la guerre chimique doivent être pleinement pris en considération. »
Plus loin, on lit : « Pourtant, dans le cadre de ce Programme, des équipes d'agents ont été envoyés à Cuba. »
Un mémorandum adressé par Lansdale le 13 mars 1962 au Groupe spécial élargi donnait les instructions suivantes :
1) Deux équipes d'agents à envoyer du 1er au 15 avril 1962 ; 2) Deux équipes d'agents à envoyer du 16 au 30 avril 1962 ; 3) Deux équipes à envoyer à Cuba du 1er au 15 mai 1962 ; 4) Quatre équipes d'agents à envoyer à Cuba du 16 au 31 mai ; 5) De dix à quinze équipes d'agents à envoyer à Cuba du 1er au 30 juin 1962.
En plus des infiltrations d’agents, le Programme Mongoose incluait également des propositions de sabotages urgents. La tentative infructueuse de dynamiter la mine de Matahambre fut approuvée le 30 août 1982. Un mémorandum de Lansdale au GSA, du 31 août 1962, sélectionnait des objectifs de sabotages, tels que « la mine de Matahambre, plusieurs raffineries, des usines de traitements du nickel...
Ce même mémorandum suggérait de détruire les cultures par des incendies, des produits chimiques et des mauvaises herbes ; d'entraver les récoltes par des retards au travail, par la destruction des sacs, des caisses de carton et autres emballages d’embarquement. »
Ce n'est pas moi qui invente, ce sont des aveux du Sénat des États-Unis.
Tout récemment, un groupe de contre-révolutionnaires s'est infiltré dans la province de Matanzas. Débarqués le 4 juillet, trois ont été capturés à l'aube du 5, et le reste le 9 juillet. Leur tâche : organiser un attentat contre les dirigeants de la Révolution, en l'occurrence contre moi, lors du meeting du 26 juillet, en combinaison avec d'autres groupes qui s'infiltreraient plus tard, sans parler des sabotages, etc. Ils sont vite passés aux aveux, comme le font d'ailleurs tous les mercenaires. Tout ceci a été publié par notre presse, mais le gouvernement des États-Unis n'a pas dit un traître mot. Nous savons comment travaille la CIA et comment elle utilise ce genre d'individus directement et indirectement.
Mais ce n'est pas tout ! Le 23 juillet, l'AP a publié une dépêche, de Miami, qui dit textuellement :
Quarante commandos, qui viennent de s'infiltrer à Cuba, vont essayer d'assassiner le président Fidel Castro ce week-end au cours des festivités pour l'anniversaire de la révolution communiste, a déclaré aujourd'hui l'avocat d'un groupe d'exilés cubains. S'ils ne peuvent pas tuer Castro, les commandos perturberont au moins le meeting de Las Tunes, à l'est de Cuba, a dit l'avocat Ellis Aubin en conférence de presse — tenez-vous bien ! — en conférence de presse dans les bureaux de l'organisation d'exilés Alpha-66.
On s'attend à ce que Castro se présente à Las Tunas dimanche prochain, vingt-huitième anniversaire de sa première offensive contre la force du président Fulgencio Batista. Alpha-66 a déclaré récemment que cinq commandos capturés à l'est de La Havane, il y a deux semaines, appartenaient à ses rangs.
Voyez un peu : on envoie des hommes entraînés et armés aux États-Unis pour perpétrer des attentats contre des dirigeants d'un autre État ; on l'avoue ouvertement ; aux États-Unis mêmes, dans des bureaux publics on donne des conférences de presse où on annonce des débarquements de commandos mercenaires pour faire des attentats contre des dirigeants de la Révolution, et pourtant le gouvernement des États-Unis ne dit pas un traître mot, ne fait absolument rien, garde un silence honteux.
Mais les impérialistes ne se contentent pas de réaliser ces activités et de les tolérer, ils renforcent leur blocus économique contre notre pays. Dans le domaine de l'économie, leur attitude n'a pas été moins agressive. Les autorités étasuniennes ont fait jouer toute leur influence pour empêcher nos ventes de nickel à des pays capitalistes.
Il y a un autre fait scandaleux. Les principales publications financières, dont la fameuse International Investor, ont informé des démarches étasuniennes pour empêcher Cuba de concerter des prêts bancaires en Europe de l'Ouest. C'est dans ce même contexte que s'inscrit la nouvelle publiée par la revue étasunienne Newsweek, le 8 juin dernier, selon laquelle des informations parvenues au département d'État indiquaient que la compagnie cubaine Cuba-Azúcar avait acheté du sucre futur à 32 cents la livre, mais que la chute des prix à environ 17 cents avait entraîné une perte de 150 millions de dollars, ce qui aurait provoqué de graves problèmes de devises à Cuba.
On comprend bien l'intention sinistre de cette nouvelle émanant du département d'État : susciter des difficultés économiques à notre pays dans les centres financiers internationaux. En ce qui nous concerne, nous pouvons assurer que cette opération n'a jamais eu lieu.
En plus de tout ça, on organise des manœuvres militaires autour de Cuba, on prévoit des exercices de débarquement dans la base yankee de Guantánamo, cette partie de notre territoire occupée illégalement. On nous menace sans vergogne de blocus naval et d'agressions.
Qu'y a-t-il donc d'étrange que l'impérialisme se laisse de nouveau induire à la tentation d'utiliser traîtreusement des armes bactériologiques contre Cuba ? Que peut-on attendre d'un gouvernement dont la politique est caractérisée par le cynisme, le mensonge et le manque absolu de scrupules ?
Nous partageons la conviction du peuple et nous soupçonnons fortement que les maladies qui ont ravagé notre pays, notamment la dengue hémorragique, peuvent avoir été introduites à Cuba par la CIA.
La nouvelle administration étasunienne n'a pas dit un seul mot des méthodes que la CIA va employer. Nous sommons le gouvernement des États-Unis de définir sa politique dans ce domaine, de dire si la CIA sera, oui ou non, autorisée à nouveau ou si elle a déjà été autorisée à organiser des attentats contre les dirigeants de la Révolution et à utiliser des épidémies contre nos plantations, nos animaux et notre population. II ne peut être assez cynique et assez impudent pour garder le silence sur une question aussi grave et aussi essentielle.
L’épidémie, rien qu’en sept semaines, jusqu'au 24 juillet, a touché 273 404 citoyens et nous a coûté 113 vies, dont celles de 81 enfants. Ce virus n’a jamais été enregistré auparavant dans notre pays.
Le blocus yankee a entravé nos efforts pour acquérir les produits nécessaires à la lutte contre l'épidémie. C'est au Mexique que nous avons fait notre première démarche pour acheter du malathion à la firme Lucaba, une société mixte USA-Mexique, qui, après avoir connu le pays destinataire, a carrément refusé de négocier. Plus tard, compte tenu de la disposition de la firme Bayer de nous vendre le produit dont nous avions besoin, nous avons négocié avec elle l'achat de vingt tonnes, à embarquer à bord du Clarita qui se trouvait dans le port de Tampico. A cause des caractéristiques de cet achat, Bayer devait déclarer ce produit à l'exportation, car celui-ci comprenait un élément importé des États-Unis, le malathion, distribué par la société mixte USA-Mexique Lucaba ; il a donc fallu demander l'autorisation d'exportation à Lucaba, qui s'y est de nouveau refusée parce que la destination du produit était Cuba. Ceci, aux moments les plus difficiles, au tout début, lorsque nous n'avions pas de produits chimiques pour enrayer l'épidémie foudroyante qui s'est déclenchée.
Devant le refus de la firme Lucaba, nous avons contacté des fonctionnaires mexicains et des personnes proches du gouvernement, en les priant de nous permettre d'obtenir les produits nécessaires sur le marché mexicain. A la suite de ces démarches, et compte tenu de la disposition réitérée de Bayer de vendre à Cuba, nous avons acheté trente tonnes de lucathion, autrement dit le malathion de Bayer, qui ont été envoyées à notre pays par voie aérienne.
Il a fallu faire venir le malathion d'Europe, par avion, au coût de cinq mille dollars la tonne, soit trois fois et demie le prix du produit.
Nous avons fait des démarches pour acquérir une certaine quantité de larvicides provenant des États-Unis, par l’intermédiaire du Bureau panaméricain de la santé et conformément aux normes internationales appliquées dans ces cas. Quoique la réponse n'ait pas été négative, nous n'avons pas encore reçu une seule tonne par cette voie.
Nous avons eu également des difficultés pour acheter quatre-vingt-dix fumigateurs Leco, sous licence étasunienne. Chose curieuse, dans deux pays et juste le même jour, les offres ont été annulées. Il nous a fallu entreprendre sans délai la construction immédiate d'un appareil similaire.
L’épidémie s'est déclarée à La Havane et s'est rapidement propagée en province. Il a fallu faire venir des pédiatres, des spécialistes en épidémiologie et des internes de tout le pays à La Havane, afin de les former à la lutte contre cette épidémie. Le haut niveau scientifique de nos pédiatres leur a permis de comprendre rapidement les symptômes de la maladie et de maîtriser le traitement.
On a affecté 122 hôpitaux à cette tâche, tandis que 49 installations ont été transformées en hôpitaux, entre autres des écoles polytechniques de la santé, des écoles et autres, soit un total de 171 centres et 14 965 lits, pour hospitaliser tous les patients qui l'exigeaient. On a augmenté de 20 à 35 les salles de traitements spéciaux ; on a réclamé l'installation immédiate de salles de soins intensifs dans tous les hôpitaux pédiatriques de La Havane qui en étaient dépourvus, ainsi que la formation du personnel spécialisé et l'acquisition rapide des équipements requis. Des médecins, des infirmières et autre personnel paramédical ont été envoyés en renfort aux hôpitaux de province.
Toutes les ressources pour le traitement de !a maladie ont été et sont absolument assurées. Le sérum, le plasma, l'albumine ou n'importe quel autre médicament n'ont manqué à aucun moment.
Le plus grand nombre de cas enregistrés en une seule journée, à l'échelle nationale, a été de 11 721, le lundi 6 juillet, ce chiffre ayant diminué progressivement pour atteindre, 24 juillet, 3 466 cas. Selon les informations, le 25, ce chiffre avait encore baissé.
Il est juste de reconnaître les efforts extraordinaires qu’ont déployés les médecins, les infirmières, les techniciens de laboratoire, le personnel des services, bref, tous les travailleurs de la santé et particulièrement ceux des centres pédiatriques, pour combattre la maladie (applaudissements). Pendant des semaines, ils ont travaillé nuit et jour, y compris samedis et dimanches, sans relâche, et qui sait combien de vies ils ont sauvé, combien de centaines, voire de milliers de vies ils ont sauvé grâce à cet effort. Aussi, aujourd'hui, tenons-nous à exprimer au nom de notre parti, au nom de notre peuple, au nom de la Révolution, notre reconnaissance la plus profonde à nos médecins, à nos infirmières, à nos techniciens et à nos travailleurs de la santé en général, pour le travail brillant et héroïque qu'ils ont mené à bien (applaudissements prolongés).
Notre reconnaissance également aux étudiants des dernières années de médecine qui ont renoncé à leurs vacances pour travailler dans les hôpitaux.
Un groupe opérationnel national, qui comprend également la Défense civile et d'autres organismes, a été mis en place pour diriger et contrôler la lutte contre l'épidémie. Dans chaque province et commune, on a également organisé un groupe opérationnel, placé sous la direction du président du Pouvoir populaire et, comme premier remplaçant, du chef d'état-major de la Défense civile.
On a mis au point un programme de travail qui comprend les phases suivantes :
Première phase, ou phase d'urgence : maintenir les mesures d'urgence contre l'épidémie et intensifier l'assainissement avec la participation du peuple, à travers ses organisations de masse. Parallèlement, sélectionner et former le personnel, et garantir les ressources matérielles nécessaires aux phases suivantes de la campagne.
Deuxième phase : attaque intensive. Durée : cinq semaines, à partir des dix premiers jours du mois d'août. Traitement hebdomadaire des moustiques à l'état adulte, en utilisant du malathion à 95% et des fumigateurs portatifs dans les foyers et autour des maisons. On réalisera un travail efficace contre les nids potentiels de moustiques en introduisant du larvicide abate dans tous les récipients d'eau, qu'il s'agisse d'eau stagnante ou d'eau potable. L’abate sera renouvelé tous les deux mois. Le pesticide baytex sera répandu dans les foyers, puis appliqué tous les deux mois autour des endroits où l'Aedes aegypti peut éventuellement se reproduire.
L'activité fondamentale tendra à la destruction de tous les endroits où le moustique se reproduit.
L'éducation sanitaire, la discipline et la coopération de notre peuple sera une des armes les plus puissantes dans cette guerre à mort contre l'Aedes aegypti.
La totalité des logements et des locaux du pays sera soumise à des inspections.
Troisième phase : consolidation. Durée : onze mois. On poursuivra les activités permettant l'élimination du moustique. On maintiendra les cycles de vérification et de traitement tous les deux mois. On assurera partout le contrôle systématique du vecteur.
Quatrième phase : surveillance et contrôle permanent. On éliminera les foyers d'Aedes aegypti qui auraient pu survivre, en poursuivant les contrôles systématiques là où ils seraient apparus. On maintiendra un programme spécial de surveillance sur tout le territoire national, en mettant en outre l'accent sur le contrôle sanitaire de nos ports et de nos aéroports afin d'éviter l'introduction de la maladie et des moustiques de l'étranger, comme conclusion de toutes les mesures antérieures. L'appareil d’hygiène et d’épidémiologie puissant et permanent dont nous avons besoin pour prévenir et combattre n’importe quelle épidémie sera ainsi constitué à l’échelle du pays.
Le personnel engagé à titre définitif ou transitoire dans la campagne est en train de recevoir la formation technique indispensable au moyen de séminaires d'expériences sur le terrain, etc. Du 28 juillet au 1er août, la sixième chaîne de la télévision nationale transmettra de 8 à 10 heures du matin un cours destiné à tous les travailleurs qui interviendront dans la campagne, comme complément des séminaires qui s'effectueront simultanément dans tout le pays et comme information à notre peuple sur les mesures à prendre.
Les travailleurs sanitaires permanents porteront un uniforme, les appareils nécessaires et une identification.
Nous avons importé 6 711 tonnes de pesticide au prix de 16 300000 pesos en devises convertibles, pour la durée d'un an.
Estimations du budget de la campagne pour les douze premiers mois :
Salaires
8 631 119 pesos
Pesticides
16 300 000
Moyens de transports
3 200 000
Appareils fumigatoires
3 769 708
Uniformes et moyens de protection individuelle
238 100
Combustibles et lubrifiants
2 500 000
Investissements
8 000 000
Autres intrants
93 793
Autrement dit, les frais d'une année de campagne atteindront 42 732 720 pesos, dont plus de la moitié en devises.
La nation n'a ménagé ni les efforts ni les sacrifices pour mener à bien cette tâche indispensable, Les Soviétiques, ayant appris nos difficultés pour l'achat de certains équipements, nous ont fourni gratuitement environ cinquante appareils fumigatoires de haute qualité qui n'étaient pas inclus dans les plans de commerce courant (applaudissements).
En deux mots, nous nous proposons d'éliminer au plus tôt la maladie et, si possible, d'exterminer jusqu’au dernier moustique Aedes aegypti (applaudissements).
Je dis Aedes aegypti, car les autres espèces qui vivent dans les marais, sur les côtes et sur les îlots, il est pratiquement impossible de les exterminer. La lutte sera concentrée fondamentalement contre l'Aedes aegypti, car c'est lui qui transmet cette maladie et qui peut également transmettre des maladies encore pires, comme la fièvre jaune. Il faut l'exterminer ! Voilà quelle doit être la réponse de la Révolution devant cette situation.
Maïs c'est là une bataille de tout le peuple. Outre les milliers d'hommes qui se consacrent à temps complet à cette tâche, il faut que tout le peuple participe, que tout le peuple connaisse ce moustique, ses caractéristiques, ses habitudes ; il faut que tout le peuple soit informé des mesures à prendre et coopère à fond.
Je crois que s'il y a un pays qui peut éliminer le moustique, c'est bien Cuba, à cause de son organisation, du niveau de culture de son peuple, de l'esprit de discipline et de travail de son peuple. Je crois donc que notre pays peut se fixer le but d'éliminer ce moustique. Si cela s'avérait impossible dans la pratique, et je ne le pense pas, il faudrait ramener ces moustiques à un niveau si faible qu'ils deviennent inoffensifs et poursuivre les contrôles par commune : où sont-ils, combien sont-ils, où sont les nids, où sont les larves ?
Cette lutte est difficile, car vous savez bien sûr qu'il peut pondre ses œufs dans certains récipients contenant de l'eau propre ; alors, même si vous jetez l'eau, les œufs se déshydratent, certes, mais peuvent survivre des mois ; si l'eau revient, ils s'hydratent à nouveau et les larves sortent. Cette lutte, il faut donc la livrer contre les moustiques adultes, contre les larves, contre les nids, ces nids courants que sont les réservoirs d'eau, les récipients sans couvercle, etc., car c'est justement là où ils pondent leurs œufs. Il s'agit d'un moustique dit domestique, parce qu'il vit non dans les forêts ou les marécages, mais autour des logements. Aussi cette espèce est-elle plus facile à combattre que d'autres, et on pourrait arriver à la liquider ou à la réduire à un niveau tel qu'elle devienne inoffensive, quoique, je le répète, nous devons lutter pour la liquider (applaudissements).
Dans les premiers jours, il a fallu faire venir par avion les produits de différents pays, consentir d'énormes dépenses pour s'opposer de toute urgence à l'épidémie. Parallèlement, on a organisé tout un plan ; il a fallu acheter les tonnes de produits nécessaires à la campagne pour une année ; acheter des équipements, des fumigateurs portatifs — ceux de l'agriculture n'étaient pas suffisants — et il a fallu les faire venir par avion, par avion ! depuis le Japon ; nous avons fait venir des produits de différents endroits par différentes voies ; des bateaux sont en train de faire route vers notre pays avec des produits et d’autres doivent arriver ces jours-ci. Bref, nous sommes en train de créer en trois semaines une organisation qui aurait exigé normalement un an de travail : séminaires intensifs, l'un après l'autre ; recrutement du personnel, avec l'aide du parti, de l'Union des jeunes communistes et des organisations de masse. Nous avons mis sur pied toute une armée qui doit opérer avec la discipline d'une armée, appuyée par l'organisation magnifique et efficace de la Défense civile, par ses cadres et ses moyens de communication, afin de lancer rapidement la phase intensive.
Grâce à cet énorme effort, on pourra commencer dans les premiers jours d'août, entre le 3 et le 10 ; il est possible que certaines provinces commencent avant d'autres, mais il était nécessaire d'avoir tous les fumigateurs portatifs, tous les équipements, tous les moyens, pour lancer la campagne avec force. Et ces moyens sont déjà pratiquement entre nos mains, ainsi que les produits indispensables pour les cinq premières semaines ; nous avons déjà passé des contrats pour les six premiers mois tout en travaillant à l'acquisition de ce qui est nécessaire pour les mois restants. Ça coûte cher au pays, ça lui coûte des ressources, mais nous ne pouvons pas hésiter, car ça fait partie, pourrait-on dire, de la défense du pays, de la défense de la Révolution, puisqu'il se peut que ce soient des instruments que l'ennemi utilise contre nous.
Parallèlement, dans quelques semaines, nous allons lancer une forte campagne contre les rats, un autre vecteur dangereux qui peut servir à introduire de graves maladies dans le pays, qui provoque différentes épidémies, sans parler des dommages.
Nous avons fait face aux épidémies avec succès : la peste porcine, la rouille de la canne à sucre, la moisissure bleue et nous les avons éliminées ! Maintenant, nous faisons face à la dengue hémorragique et nous l'éliminerons ! Nous éliminerons aussi les vecteurs ! (Applaudissements.)
D'excellents centres de recherche existent dans le pays et nous sommes préparés pour faire face à toute éventualité. Nous continuerons à travailler sans relâche sur le plan économique. Nous continuerons de même à renforcer notre défense. En quelques mois, plus d'un demi-million d'hommes et femmes ont rejoint les rangs des Troupes des milices territoriales, et ils sont déjà armés et entraînés ! (Applaudissements.) Voilà comment travaille et lutte notre peuple !
Ce pays pourra être rayé de la carte, mais il ne pourra jamais être intimidé ou asservi !
La patrie ou la mort !
Nous vaincrons !
(Ovation.)