Compatriotes:


Quand voilà exactement huit jours, le mercredi 5 juin, je me suis réuni avec les dirigeants des organisations de masse pour analyser le projet qu’ils se proposaient de présenter à l’Assemblée nationale, après approbation de leurs directions nationales, en réponse au discours de monsieur W. Bush devant la mafia terroriste de Miami, je leur ai proposé trois choses : 1) débattre publiquement de l’idée devant tout le peuple ; 2) mobiliser la nation entière pour soutenir une réponse si juste, si digne et si retentissante ; 3) offrir à chaque citoyen en âge de voter et possédant le plein exercice de ce droit la possibilité de souscrire à ce projet historique et de le faire sien.

Nous sommes tous tombés d’accord. Les consultations et les démarches préalables ont eu lieu. Les deux premiers pas ont déjà été faits ; reste le troisième, que nous devons aborder sans retard.

Le 14 juin, demain donc, marque l’anniversaire de la naissance de Maceo et du Che, deux grands symboles de l’intransigeance révolutionnaire, ce qui caractérise justement le plus la lutte héroïque de notre peuple depuis 1868.

Samedi 15 juin, à huit heures du matin, au Cacahual, où gisent les restes mortels du Titan de bronze, Antonio Maceo, et de son fidèle adjoint, Panchito Gómez Toro, fils du grand combattant internationaliste et du chef de l’Armée de libération, Máximo Gómez, se déroulera un hommage spécial à Maceo et au Che au cours d’une Tribune libre de caractère solennel ajustée aux caractéristiques et à la signification de ce lieu.

Ce même jour, samedi 15 juin, à partir de dix heures du matin, tous les citoyens ayant le droit de vote et souhaitant signer le projet portant modification de la Constitution présentée par l’Assemblée extraordinaire des directions des organisations de masse pourront le faire à 129 523 sites de tout le pays où les copies pertinentes seront disponibles, et ce jusqu’au mardi 18 juin à midi.

Les citoyens en déplacement dans le pays pour des motifs personnels ou professionnels, les élèves internes, le personnel militaire ou de sécurité remplissant des obligations hors de leurs lieux de résidence, les personnes absentes pour des raisons de santé ou d’autres motifs disposeront de toutes les facilités requises. Aucun compatriote ne sera privé de cette possibilité.

Seules les organisations de masse se chargeront de cette tâche à travers la commission nationale et les commissions provinciales, municipales et locales créées à ces fins. Elles pourront compter, bien entendu, sur le soutien du Parti communiste et de l’Union des jeunes communistes. Ce ne sera pas une activité de l’Etat.

Dès ce soir, les directions des organisations de masse émettront des instructions concrètes à tous leurs cadres. Demain, à six heures de l’après-midi, au cours d’une table ronde télévisée et radiodiffusée, elles fourniront des détails précis à tous les citoyens. Toutes les mesures pertinentes seront prises pour éviter tout duplicata de signatures.

La dépression tropicale qui couvre tout le pays continue d’exercer son influence sur le territoire national, déjà saturé d’eau. Les pluies, l’éloignement ou les difficultés du terrain n’empêcheront aucun compatriote d’exercer cette prérogative.

Cette démarche importante se réalisera grâce à la capacité d’organisation désormais proverbiale acquise par notre peuple, à sa culture et à sa conscience politique afin que plus personne ne puisse avoir le moindre doute de la façon dont il sent et dont il pense.

Des millions de Cubains donneront aussi par là une riposte éclatante et adéquate à un libertador que nul n’a convié : monsieur W. Bush. Resteraient ensuite le débat et la décision de l’Assemblée nationale du pouvoir populaire, qui aura le dernier mot.

Hier, mercredi, juste au jour anniversaire des cent un ans de l’ignominieux Amendement Platt, qui humilia terriblement notre peuple et lui arracha par traîtrise l’indépendance qu’il avait conquise en trente ans d’une lutte incomparable et héroïque, notre peuple a offert à la génération qui fut victime de cet opprobre l’hommage le plus digne et le plus extraordinaire.

Malgré des conditions climatiques défavorables du fait de la dépression tropicale qui a provoqué des pluies ou des menaces de précipitations, presque neuf Cubains sur dix ont, de Las Tunas à Pinar del Río, participé d’une façon ou d’une autre aux marches, aux meetings publics et aux autres activités patriotiques organisés dans toute l’île, au grand étonnement du monde entier.

C’était là la réplique la plus digne à ceux qui, aujourd’hui, prétendent imposer de nouveau à Cuba un Amendement Platt et la preuve irréfutable que cette époque est à jamais révolue!